Histoire/Royaume-Uni 21 mars Keith Hopkins et Mary Beard

Si l'on avait demandé à un citoyen romain de l'Antiquité, du IIe siècle après Jésus-Christ, par exemple, époque de l'apogée de l'Empire, quel était le monument le plus emblématique de sa ville, l'Urbs, capitale du monde, il n'est pas sûr qu'il ait répondu : « Colosseum ». Ce monument que nous appelons le Colisée, en mémoire d'une statue de l'empereur Néron, que celui-ci avait fait placer à l'entrée du palais qu'il s'était fait construire, sa Domus aurea, sur une partie de l'emplacement dégagé par l'incendie de 64, que la légende l'accuse d'avoir fait allumer lui-même. Notre Romain sondé aurait pu préférer le Capitole, avec son temple de Jupiter Optimus Maximus, le forum de Trajan, avec ses marchés, sa colonne et ses deux bibliothèques, le Panthéon, l'immense Circus Maximus, où se déroulaient les courses de chars, ou bien même la Curie, siège du Sénat. Pour lui, l'amphithéâtre flavien, de son vrai nom, parce que construit par la dynastie des Flavii, Vespasien d'abord, puis son fils aîné Titus, qui inaugura le monument en 80, n'était qu'un des musts de Rome, avec ses quatre étages d'arcades, ses 85 m de long sur 54 m de large, et sa capacité d'accueillir 87 000 spectateurs, mais pas forcément son emblème.

Cette vision a changé à l'époque moderne, non seulement parce que l'amphithéâtre, le plus vaste que nous ait légué le monde romain, est le mieux conservé de la cité antique, encore impressionnant bien qu'il ait pas mal souffert au cours de sa longue histoire, mais aussi parce que, dès l'Antiquité tardive, il a fait l'objet de nombreuses légendes, nourri certains fantasmes. Justement, deux historiens britanniques, Keith Hopkins et Mary Beard, ont décidé de raconter la vie du Colisée, mais aussi de le débarrasser de ses oripeaux factices et de le rétablir dans son authenticité, laquelle suffit amplement à en faire un monument unique au monde. Parmi ces légendes, les massacres de chrétiens, complaisamment montrés et exagérés par Hollywood, mais qui n'eurent sans doute jamais lieu ici. Leur ouvrage est à la fois érudit et alerte, riche en clins d'œil, et illustré de documents judicieusement choisis. On y rencontre même Astérix.

Keith Hopkins et Mary Beard
Le Colisée : l’histoire et le mythe - Traduit de l’anglais par Johan-Frederik Hel Guedj
Tallandier
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 19,90 euros ; 272 p.
ISBN: 9791021033757

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