Chine

Le champ des droits s’élargit à la Foire de Pékin

Le stand du Bureau international de l'édition française à la Foire de Pékin occupait 90 m2. - Photo Fabrice Piault

Le champ des droits s’élargit à la Foire de Pékin

Les éditeurs chinois ont manifesté de nouvelles curiosités devant les vendeurs de droits français et leurs agents, à nouveau très présents à la Foire internationale du livre de Pékin (BIBF), du 27 au 31 août.

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Par Fabrice Piault, de Pékin
Créé le 29.08.2014 à 20h09

Une vingtaine de représentants de l’édition française, vendeurs de droits et agents ont participé, du 27 au 31 août, à la Foire internationale du livre de Pékin (BIBF). Le Bureau de l’édition française avait réservé, comme chaque année, un stand de 90 m2, le plus achalandé de la manifestation parmi les stands étrangers. Si la plupart étaient des habitués de ce rendez-vous devenu majeur pour les Français – dont les Chinois sont depuis 2012 les premiers clients en nombre de titres achetés –, plusieurs faisaient cette année le voyage pour la première fois.
 
“Cela faisait plusieurs années que je voulais venir pour mieux comprendre le marché et les attentes des éditeurs, renforcer les partenariats existants, établir des collaborations plus étroites et nouer de nouveaux contacts, mais je ne voulais pas le faire sans une vraie préparation”, explique Carole Saudejaud, directrice des droits de Fayard, et l’une de ces primo-visiteuses. Elle a préalablement dressé dans son catalogue un état des lieux des traductions en langue chinoise, et préparé pour la foire un catalogue spécial en anglais d’une centaine de pages.
 
Egalement présente pour la première fois, et très satisfaite de ses contacts, la responsable des droits des Editions de Saxe, Caroline Gaucher, bénéficie de l’émergence en Chine d’un petit secteur de loisirs créatifs. “C’est d’abord la broderie qui les intéresse, admet-elle, mais ils sont aussi très curieux du succès, en France, des livres de coloriage pour adultes.”

Les habitués de la Foire de Pékin constatent eux-aussi un élargissement du champ des cessions de droits sur le marché chinois, porté par une nouvelle génération d’éditeurs locaux qui “travaillent de mieux en mieux avec nous, préparent leurs rendez-vous en amont, communiquent directement en anglais, respectent nos demandes lors de la production des titres, nous demandent des conseils pour s’améliorer, et même nous donnent de bonnes idées”, note Anne Risaliti (Hatier, Didier jeunesse). Celle-ci parvient notamment à vendre en Chine, avec succès, des livres-disques, “ce qui n’est pas évident”, souligne-t-elle. De son côté, l’agente Solène Demigneux (Dakai Agency) constate le développement du pop-up : “Il y a trois ans, l’atelier privé Xian Rongxin a pris le risque. Aujourd’hui, c’est un vrai rayon dans les librairies.”
 
Alors que l’éditeur chinois Jieli lance les premières traductions de la série Petit poilu (Dupuis), l’agente Juan Wu (une dizaine d’éditeurs jeunesse dont Actes sud junior, Sarbacane, Kaléïdoscope, Seuil…) note à la fois un “décollage de la BD” et, en jeunesse, un “développement des ventes d’albums one shot, même si la prime à la série subsiste”. Chez Casterman, le directeur des droits Jérôme Baron voit les éditeurs chinois “entreprendre un travail assez exigeant sur des auteurs et des types de livres plus difficiles” en BD adulte, acquérant les droits de titres de Tardi, Schuiten et Peeters ou encore Hugo Pratt.
 
Présente pour la première fois l’an dernier, Florence Giry (Flammarion) a trouvé son séjour si profitable qu’elle est revenue cette année. “Pour la fiction, c’est plus compliqué, les éditeurs chinois ont besoin de références, de prix, de labels, de best-sellers, concède-t-elle. Mais il y a un gros intérêt pour les sciences humaines et plus largement la non-fiction, comme pour notre Dico du running à paraître en septembre.”

Chez Fayard, Carole Saudejaud enregistre aussi de nombreuses demandes sur une biographie de Tocqueville, récemment cité par le président chinois, comme sur Michel Foucault, Alain Badiou ou Julia Kristeva, déjà éditée. De son séjour, elle tire une leçon : “Il est important de venir régulièrement, d’autant que les interlocuteurs changent, pour renforcer les ventes. Pas forcément tous les ans, mais au moins tous les deux ans.” 

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