« Le 9ᵉ Art perd une autrice trop rare, d’une sincérité artistique peu commune », ont déploré les éditions du Lombard, dans un communiqué diffusé lundi 17 février et annonçant le décès de l’autrice de bande dessinée Chantal De Spiegeleer. Celle qui réalisa la série Madila s’est éteinte le 15 février, à l’âge de 67 ans.
Décrite par son éditeur comme une personne « touche-à-tout », « aussi talentueuse que discrète », Chantal De Spiegeleer fut à la fois illustratrice, coloriste, dessinatrice, scénariste ou encore créatrice de jeu vidéo.
Premiers pas dans la bande dessinée
Née en 1957 à Léopoldville, désormais appelé Kinshasa (République démocratique du Congo), Chantal De Spiegeleer intègre en 1975 l’École supérieure des arts graphiques de Saint-Luc, à Bruxelles. Ses premières planches paraissent dans l’album collectif Le 9ᵉ rêve, imaginé par les membres de l’atelier R fondé par l’auteur et professeur de bande dessinée Claude Renard.
En 1978, elle parvient également à publier un court récit de onze planches dans Façades blanches, aîné de la célèbre revue À suivre. L’autrice rejoint pendant un temps le monde de la mode, travaillant aux côtés de Cacharel, Armani ou Chanel. À l’issue de sa rencontre avec René Sterne, aussi auteur de BD qui deviendra son mari, elle publie Mirabelle (Moretti, 1982), ovni graphique qui secoue le classicisme du 9ᵉ art de l’époque.
La série Madila
Repérée par le Journal Tintin, elle débute en 1988 la série Madila (Le Lombard), qui, sur quatre tomes, bouscule les rapports de force entre hommes et femmes, via son protagoniste antimachiste. Mais Chantal De Spiegeleer est trop avant-gardiste pour son temps. Après l’interruption de la série, elle laisse de côté la BD pour s’essayer à la peinture virtuelle et au jeu vidéo, tout en contribuant, en tant que coloriste, à la série Adler, réalisée par son époux. Elle suivra de près, avec lui, la création de La Malédiction des trente deniers, une aventure de Blake et Mortimer, qu’elle terminera seule à la mort inattendue de son auteur.