Mais c'est chez les Rêveurs, la maison co-créée par Manu Larcenet, qu'il publie finalement le plus d'albums: Oh merde, les lapins (2002), la réédition des deux tomes de Fantagas en 2006 et 2008 (et un coffret en 2012), et de Saubon, le petit canard (2009), le beau-livre d'art Rapport visuel sur la ville de Buenos Aires et ses environs en 2014, et Tropikal Mambo, traduit par Thomas Dassance, en mars dernier.
Il avait aussi illustré avec Joann Sfar et Lewis Trondheim, le 8e volume de Donjons Monsters, "Crève-cœur" (Delcourt, 2004), Le lac des cygnes : un ballet de Tchaïkovsky, adapté par Chantal de Fleurieu (Calligram, 2003), L'Himalaya cahin-caha, album pour les petits de Henri Michaux (Densité, 2011) et dessiné la trilogie de Jorge Zenter, Pampa (Dargaud).
Il avait étudié aux Beaux-Arts de Buenos Aires et voulait être peintre. Son dessin, parfois proche de la caricature, avait pour influences Goya, Velázquez ou Bosch, et lui se définissait comme "comme "néofiguratif", à mi-chemin entre figuration et abstraction." Son style narratif, entre désespoir et satire, ironie amère et poésie esthétique manipulée, aimait contourner les genres, du polar au Western. Chez lui, tout s'entremêle, se contredit, dialogue incessant et complexe entre les personnages, les sexes et même l'auteur et le personnage. Dans Tropikal Mambo, "Carlos Nine a réalisé chaque chapitre de sa nouvelle histoire dans un style graphique différent, passant du crayonné à la sculpture, de l’aquarelle à la gouache et le résultat est saisissant de beauté" explique son éditeur, en guise de parfaite synthèse de cette œuvre pointue et audacieuse.
Site officiel de l'artiste Carlos Nine (en anglais) et Blog qui s'est achevé en avril dernier.