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L'appétit argentin pour les sciences humaines

En marge du Salon du livre de Paris, le Bief a organisé deux jours de rencontres professionnelles avec les Argentins au CNL. - Photo alw

L'appétit argentin pour les sciences humaines

En amont du Salon du livre de Paris, le Bureau international de l'édition réunit 25 éditeurs argentins et des dizaines de responsables de droits français pour parler de leurs marchés respectifs. 

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Par Anne-Laure Walter,
Créé le 18.03.2014 à 20h08

Dans les échanges de droits entre la France et l'Argentine, pays invité du prochain Salon du livre de Paris, les sciences humaines sont le premier domaine traduit du français, devant la fiction. 

Au Centre national du livre, le Bureau international de l'édition française (Bief) a convié pour deux jours, mardi 18 et mercredi 19 mars, des professionnels argentins pour croiser leurs expériences avec leurs homologues français, mettant l'accent, mardi après-midi sur la vitalité du secteur des sciences humaines dans ce pays.

Si la fiction reste prédominante dans la production, les sciences humaines et sociales arrivent juste derrière, représentant 18% des 26 000 titres publiés en Argentine chaque année. Les tirages moyens oscillent entre 1 000 et 2 500 exemplaires et la langue d'origine des traductions dans ce domaine est d'abord l'anglais (50%) suivi par le français qui a ascillé entre 12 % et 18% des tradiction de 1990 à nos jours selon les données réunies par le Bief dans sa très informée Lettre n°93.

Ce dynamisme s'explique notamment par la mise en place il y a trente ans du plan d'aide à la publication baptisé Victoria Ocampo qui a soutenu la traduction de plus de 700 ouvrages français, notamment en sciences humaines et sociales. "Ce programme nous permet d'avoir en tête chaque année un ou deux livres français que l'on traduira, car l'Argentine est un pays importateurs d'idées et de cultures, explique Carlos Diaz qui dirige les éditions Siglo XXI en Argentine, spécialisée en SHS, publiant de nombreux grands auteurs français comme Foucault, Barthes et Bourdieu. Le public argentin lit les oeuvres d'auteurs français sur le système éducatif, sur la banlieue... Si l'Espagne est un portail d'entrée dans le monde hispanophone pour la fiction française, l'Argentine peut l'être pour la non fiction."

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Les échanges dans l'autre sens, de l'Argentine vers la France, sont moins nourris, ce que déplorent plusieurs participants au séminaire. " La plupart des éditeurs français mettent la production latino-américaine dans le même sac sans voir la spécificité éditoriale de l'Argentine, note Carlos Diaz. La culture française est de toute façon plus exportatrice qu'importatrice". Pour encourager la diffusion des textes argentins à l'étranger, le Programa Sur permet une aide à la traduction qui a aidé déjà 75 ouvrages en France. Le formulaire de demande de soutien à la traduction est disponible sur le site des affaires culturelles argentines. Et si la littérature argentine s'implante dans l'Hexagone, il n'en est pas de même pour la non-fiction.

Les éditeurs français expliquent la difficulté de diffuser un livre lorsque l'auteur n'est pas connu du milieu universitaire ni de la presse." Les livres de sciences sociales ont d'autres mécanismes de diffusion que les autres ouvrages, témoigne l'agent littéraire Monica Herrero. Plus que l'agent ou l'éditeur, l'important reste le réseau professionnel des auteurs, les liens qu'il a avec les universitaires du pays où l'on souhaite vendre le livre"  Ce que confirme Rebecca Byers, la responsable des droits de Plon-Perrin: "Les problèmes que vous rencontrez pour vendre des droits en France, nous avons les mêmes avec les Etats-Unis. J'ai réussi à céder des droits d'un auteur là-bas grâce à des lettres d'un réseau d'universitaires que j'ai présentées à l'éditeur." François Gèze, qui a dirigé pendant trente ans la Découverte, confirme en espagnol, lui qui a vécu en Argentine, qu'il y a un manque d'échanges entre les universités argentines et françaises. "Si les chercheurs brésiliens sont assez présents en France, les Argentins interviennent peu dans les universités. Il y a sans doute une lacune de l'université française à ce niveau."

Les rencontres professionnelles du Bief se poursuivent mercredi matin avec trois interventions: sur les tendances actuelles de la production en littérature, les dispositifs d’aide à la traduction et le marché de la bande dessinée. Les 25 éditeurs argentins présents seront aussi invités à découvrir la base de donnée Electre ainsi que Dilicom, visiteront un centre de distribution (chose qui n'existe pas en Argentine) et sont conviés mercredi soir au 27 rue Jacob à un "get together" pré-Salon du livre, qui propose, sur le modèle du FrankfurterHof en Allemagne ou LondonerHof à Londres, de faire se rencontrer autour d'un verre les responsables de droits des différents pays.

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