« Ma vie est sucrée comme de la limonade. » Il est vrai que sur papier glacé, Lana Del Rey incarne une success-story aux millions d'albums vendus, multiples prix et innombrables fidèles sur les réseaux sociaux. Un phénomène planétaire qui a vu cette autodidacte new-yorkaise devenir une chanteuse, compositrice et auteure adulée. Mais le poids de la célébrité peut écraser, d'autant qu'il n'efface rien d'un passé moins enchanté : alors qu'elle se prénommait encore Elizabeth, l'adolescente tombe dans les addictions. Elle s'engage alors bénévolement auprès d'Indiens ou de jeunes sans-abri. Diplômée en philosophie, elle n'a jamais caché sa passion pour l'écriture. « Je suis une véritable poétesse. Ma vie est ma poésie, faire l'amour mon héritage. »
Cette plume, traversant les nuages de l'existence, se dévoile dans ce premier recueil, traduit par Cécile Coulon et Aurore Vincenti. On y retrouve son ton, bercé de mélancolie. « Je crois que les artistes doivent vivre légèrement au-dessus d'eux-mêmes s'ils veulent parvenir à transmettre un morceau de paradis. » Le sien baigne dans les affres de l'amour. « Qui suis-je pour t'aimer quand je suis perdue. Parfois j'ai peur que mon chagrin soit trop grand. » Ses relations avec les hommes sont compliquées, voire désespérées car elles s'enlisent dans la dépendance affective. Aussi ses ruptures l'entraînent-elles vers la déchirure. Cette oscillation entre espoir et désillusion se retrouve dans sa vision de l'Amérique. « Je suis idéaliste. J'avais de grands projets pour ce pays. Pas pour ces actions mais pour ses émotions. Ses pensées et ses rêves. »
Des photos vintage nous emportent dans les coins les plus perdus ou insignifiants des États-Unis. Une géographie picturale qui s'invite aussi dans l'intime. L'ensemble du texte est présenté comme si elle l'avait tapé sur une vieille machine à écrire. Elle y laisse des ratures ou des idées, annotées à la main. L'ensemble se termine par des « notes pour un poète », laissant de la place pour nos propres vers. Les anglophones pourront se plonger dans la version originale, qui fait encore mieux ressortir la fibre musicale de ses rimes et abîmes. « Mais je crois en ce qu'il y a de bon en moi. C'est assez solide pour y construire une nouvelle vie. »
Violette sur l'herbe à la renverse Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aurore Vincenti et Cécile Coulon
Seuil
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 18 € ; 160 p.
ISBN: 9782021479928