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L’amant effroi

L’amant effroi

Il n’y a pas de véritable amour entre eux et pourtant elle quitte tout pour lui. Emilie Frèche signe un roman où règnent folie et grâce.

Par Olivier Mony
avec Créé le 29.05.2015 à 02h03

Le problème des filles, c’est leur imagination et Emilie Frèche n’en est pas dépouvu. Réalisatrice, mère attentive, épouse d’un vieux mari cardiologue, amante occasionnelle d’un ami de jeunesse, citoyenne engagée contre l’antisémitisme elle va néanmoins chercher "le plus grand chagrin possible avant de mourir". Celui-ci prendra les traits de Benoît Parent, l’ex-plus brillant écrivain de sa génération, devenu un parfait tocard. Ses livres n’intéressent plus et ce pervers narcissique amateur de bons mots n’est plus que le rentier sourcilleux de lui-même. Il rêvait d’œuvre, il aura eu une carrière. Emilie Frèche s’en fout : Parent la libère de la chaîne des causes et des conséquences et lui offre l’effroi à la porte de sa chambre à coucher, qu’il ne franchira pas tant il est incapable de tout passage à l’acte.

Emilie Frèche est donc le personnage central, la femme sous influences, d’Un homme dangereux. On y découvre une fille qui fait des grimaces dans les courants d’air et attrape la crève, c’est-à-dire une passion. Comme pour sauver son couple, elle lit James Salter, et pour comprendre ce qui lui arrive, s’en remet à Annie Ernaux. Le lecteur, lui, ne se fait pas trop de soucis pour elle. C’est un roman à clés, alors ? Inutile, c’est un livre où les portes sont ouvertes aux quatre vents de la folie, du chagrin, mais aussi de la grâce. Olivier Mony

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