BD/France 9 avril Jérôme Dubois

À la ville à la mort

Extrait de Citéville de Jérôme Dubois. - Photo Jérôme Dubois/Cornélius

À la ville à la mort

Jérôme Dubois dresse dans une ville fictive aux services absurdes un constat sombre sur les rapports sociaux.

Par Fabrice Piault
Créé le 05.06.2020 à 12h43

Citéville, sa résidence pour privilégiés, son supermarché, son pôle enfants, sa maison de retrait (avec distributeurs de billets), son absurde centre « hospitalier et métallurgique », son stade... En noir et blanc, d'un trait précis restituant des volumes où évoluent des personnages blafards, égarés, oscillant entre cruauté et frayeur, Jérôme Dubois visite neuf lieux emblématiques d'une ville imaginaire dont les infrastructures « idéales » font froid dans le dos. Au Domaine sérénité, barrières et système de défense sont installés au sein même des résidences, sur les canapés, les lits, dans l'escalier. A « la station », le bus 67 n'effectue qu'un aller-retour entre travail et vacances. Conçu comme un parc de loisirs, le « jobland » exacerbe la compétition entre chômeurs. Le salon de l'enfance est une foire aux bestiaux où des parents déambulent à la recherche d'une progéniture. Noir et grinçant dans ses plus infimes détails, Citéville fait ressortir la violence sourde de notre civilisation urbaine. En parallèle, Jérôme Dubois publie aux éditions Matière, Citéruine, qui présente les mêmes lieux dégradés, vidés de toute présence humaine. On y vérifie que la violence procède moins des lieux que de ceux qui les forgent et les occupent.

Jérôme Dubois
Citéville
Cornélius
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 22,50 € ; 184 p. en N&B
ISBN: 9782360811694

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