Bosnie

La ville de Sarajevo renonce à honorer Orhan Pamuk

C. Hélie

La ville de Sarajevo renonce à honorer Orhan Pamuk

L'opposition du Prix Nobel de littérature au président turc Recep Tayyip Erdogan serait le prétexte avancé à ce renoncement.

Par Vincy Thomas,
avec afp Créé le 16.02.2018 à 20h00

La ville de Sarajevo a renoncé cette semaine à faire citoyen d'honneur l'écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, l'opposition évoquant une décision de "vassal" commandée par la peur de s'aliéner le président turc Recep Tayyip Erdogan. 

Le comité municipal chargé de ces décisions honorifiques, est revenu sur une décision de rendre cet hommage à l'auteur, prise à l'unanimité de sept élus quelques jours plus tôt. Lors d'un second vote, quatre élus ont finalement voté contre, a expliqué jeudi à l'AFP Samir Fazlic, élu de "Nasa Stranka" ("Notre parti"), une formation multi-ethnique.

Sarajevo est dirigé par le SDA, principale formation des Bosniaques musulmans, dirigée par Bakir Izetbegovic.  Représentant bosniaque de la présidence collégiale de Bosnie, Bakir Izetbegovic est proche de Recep Tayyip Erdogan qui l'avait convié au mariage de sa fille en mai 2016.

Pour Samir Fazlic, le changement de pied municipal s'explique par "l'opposition de l'écrivain à la politique du président turc Erdogan" et la "peur (...) de vexer Erdogan".

Le Parti social-démocrate a dénoncé "une politique de vassal", estimant que "le SDA (avait) évidemment de grosses dettes envers l'AKP" (Parti de la justice et du développement), le parti présidentiel turc.  

"C'est un embarras terrible qui confirme que ce Sarajevo libre et ouvert s'est transformé en kasaba turcophile", a commenté le metteur en scène Dino Mustafic sur Twitter. Le PEN club bosnien a adressé ses "excuses sincères" à Orhan Pamuk.

En septembre 2016, dénonçant l'arrestation du romancier et journaliste turc Ahmet Altan, le romancier avait estimé que son pays fonçait "vers un régime de terreur". Il y a un an, le principal quotidien turc, Hürriyet, avait renoncé à publier un entretien avec l'auteur qui annonçait sa volonté de voter "non" au référendum sur un renforcement des pouvoirs présidentiels.
 

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