L’édition religieuse adopte les standards de l’édition people et s’en porte bien. Le culte de la personnalité atteint des sommets en prévision de la double canonisation de Jean Paul II et de Jean XXIII, le 27 avril. Jean Paul II fait l’événement de ce week-end pascal avec l’annonce de la parution, deux jours avant sa canonisation, de ses carnets intimes, qu’il souhaitait voir détruits après sa mort. Autre star incontestée de l’Eglise : le pape François, qui a fait la couverture du magazine Rolling Stone en début d’année et suscite à lui seul entre mars et juin une trentaine d’ouvrages. Pour le journaliste et écrivain Frédéric Lenoir, face à cette "starification", à laquelle il participe d’une certaine façon, "le risque est de rester sur l’anecdotique sans chercher à comprendre le message spirituel". Mais en constatant qu’on n’a jamais autant écrit sur les religions, l’auteur de François, le printemps de l’Evangile remarque dans nos colonnes que le succès de ces ouvrages, comme ceux de philosophie, tiennent à ce "qu’ils aident à vivre".

Dans le domaine des livres qui "aident à vivre", un tout autre type de production connaît en ce moment un singulier engouement. Plutôt régressifs, les albums de coloriage pour adultes envahissent depuis le début de l’année notre classement mensuel des meilleures ventes de livres pratiques. Cinq ouvrages font ainsi leur apparition dans le Top 15. Tous comportent dans leur titre le mot antistress, puisqu’il paraît que colorier permet de se concentrer, de faire le vide et de se détendre. Venue au départ de Grande-Bretagne, cette mode a été rapidement récupérée et adaptée par les éditeurs français qui font travailler des illustrateurs maison. Résultat, des titres qui se vendent à 20 000 exemplaires et dont les droits s’exportent jusqu’en Corée.

Si les voies du Seigneur sont impénétrables, celles de l’édition ne le sont pas moins. Mais l’essentiel est de repeindre la vie en rose.