La télé recherche un Mastersommelier

La télé recherche un Mastersommelier

Plus encore que les livres, les émissions culinaires sont dupliquées à travers le monde. C’est ce qu’a montré le sommet des producteurs, qui a aussi souligné la nécessité de créer une émission tout public sur le vin.

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Par Anne-Laure Walter
avec Créé le 17.10.2013 à 18h49 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Au début ils sont une centaine, et à la fin il n’en reste qu’un, qui a bravé l’épreuve des « boîtes mystères » et autres « tests de l’invention ». Cette joute culinaire télévisuelle est bien connue du public français qui regarde « Masterchef » sur TF1 (un Français sur dix a regardé la finale), mais aussi des téléspectateurs australiens, chinois, philippins, grecs, suédois… : l’émission est présente dans 35 pays.

Aujourd’hui, tous les pays ont des chefs stars des fourneaux qui, face à la caméra, vous expliquent comment préparer un plat traditionnel ou qui prennent leur sac à dos à la rencontre de la cuisine du terroir. Le Cyril Lignac japonais s’appelle Mocomichi Hayami et la globe-trotteuse Julie Andrieu devient l’Argentin Chakall au Portugal, en Allemagne ou en Chine. « On ne voyait pas à quel point la télévision est devenue globale, encore plus que les livres », s’étonne Edouard Cointreau à l’issue du sommet mondial des producteurs d’émissions culinaires, qui s’est tenu pour la première fois en France, pendant le Festival. Il en est le président non pas pour les films qu’il produit, mais en raison de sa connaissance du marché du livre, car « les ventes de livres permettent de financer des émissions et non le contraire ».

Si le marché du livre de cuisine en France est moins polarisé sur le petit écran, après l’engouement pour les titres de Cyril Lignac, Un dîner presque parfait, Top chef ou Masterchef, à l’étranger la recette est toujours un succès. Sur les 12 meilleures ventes du rayon cuisine aux Etats-Unis, 9 sont des ouvrages dérivés d’une émission de télévision. En Allemagne, sur les 3 best-sellers du secteur en janvier, 2 sont des titres de Jamie Oliver. Même chose en Chine où le marché du livre de cuisine, après deux ans de contraction, est reparti à la hausse grâce à A bite of China dérivé d’une série documentaire sur le terroir chinois. Un producteur de LIC productions (580 salariés) avait d’ailleurs fait le voyage depuis Pékin pour coproduire avec cinq Européens un concours de chefs impliquant des cuisiniers chinois. Les émissions de télévision sont en effet pensées pour pouvoir être vues par plusieurs publics dans le monde.

Jon Croft, le grand manitou des droits de « Masterchef », était aussi l’homme à voir. En janvier, Shine, qui produit l’émission et gère ses droits, a passé un accord avec Bloomsbury pour une renégociation complète de ses programmes à l’international. En France, le contrat trisannuel de Solar vient d’être renouvelé, nous confirme son directeur Jean-Louis Hocq.

Les grands crus.

Pour l’avenir, les producteurs, qui constatent un essoufflement relatif de la téléréalité culinaire, misent sur les grands crus. Le sujet principal de conversation était : « Comment monter en France un format d’émission sur le vin qui fonctionne dans le monde entier ? » Car le vin s’ouvre à de nouveaux marchés, ce qui se traduit par des cessions de droits de livres en augmentation et fait émerger une demande non satisfaite d’émissions. En France, la loi Evin rend inenvisageable des programmes type « Mastersommelier » ou « Top œnologue ». « Nous nous sommes associés entre producteurs français, chinois et américains, et recherchons des partenaires, dévoile Edouard Cointreau. Nous avons aussi beaucoup discuté avec le Monsieur Champagne suédois, Richard Juhlin, qui ferait un très bon animateur. » Une idée française, un présentateur suédois et des producteurs chinois et américains : il ne reste plus qu’à trinquer à la mondialisation. < A.-L. W.

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