Une croissance en trompe-l’œil ? Selon le bilan de mi-année de l’Union française des industries des cartons, papiers et celluloses (Copacel), la production papetière française est « demeurée soutenue » au premier semestre 2022. Sur cinq mois, de janvier à mai 2022, la production de papiers et de cartons a progressé de +2,7 %. « Cette hausse concerne toutes les familles de produits, qu’ils soient destinés à la fabrication d’emballages (+2,1 %), aux usages graphiques (+4,4 %) ou à la confection d’articles d’hygiène (+4,7 %) », détaille la Copacel.
Cependant, cette croissance s’inscrit dans un contexte, inédit par son ampleur, d’inflation des coûts de production avec des hausses particulièrement fortes dans les secteurs de l’énergie et des transports. Dans un communiqué, la Copacel rappelle que « le prix moyen du gaz sur le marché spot, en raison de la guerre russo-ukrainienne, s’est établi sur la période d’avril à juin à 80 €/MWh, soit près de huit fois le prix moyen de 2019/2020 ! Pour l’électricité, sur le marché spot, le facteur multiplicatif est de près de six. La hausse vertigineuse du prix du gaz fait à son tour ‘flamber’ l’indice de prix des produits chimiques (+40 % sur un an) ».
Deux inconnues pour l'avenir
De la même manière, le prix du transport routier connaît des hausses significatives (+18 % pour l’indice « longue distance »), tandis que les cours des matières premières fibreuses (bois, pâte à papier, papiers et cartons à recycler) se sont également sensiblement enchéris depuis un an. Ainsi, le dynamisme de la production française s’avère insuffisant pour compenser cette hausse généralisée des coûts de production, couplée à de fortes tensions sur les ressources humaines : selon la Copacel, huit entreprises papetières sur dix éprouvent plus de difficultés à recruter qu’en 2019. La conjugaison de ces facteurs se traduit par une augmentation des prix de vente des différentes catégories de l’industrie papetière. Dans le secteur du livre, les éditeurs sont contraints de revoir à la hausse les prix de vente de leurs ouvrages.
A court terme, la filière est également confrontée à deux inconnues majeures : « Le premier risque correspond au scénario d’une diminution drastique, durant les prochains mois, des livraisons de gaz russe aux pays européens. Une telle séquence aurait un fort impact direct sur les papeteries (risque d’arrêts d’usines), mais également un effet indirect marqué sur les coûts de production (hausse des prix de l’électricité, baisse de la disponibilité et augmentation des prix de nombreux produits chimiques …). La seconde ombre, pour partie liée au point précédent, tient à l’intensité de la contraction de l’économie. Même sans entrer en récession, la décélération de la croissance conduira à l’affaiblissement de la consommation de différents segments de marché », prédit la Copacel.