Déjà en recul structurel (-50 % au cours des 15 dernières années), la consommation de papier tous secteurs confondus s'est effondrée en France en 2020 à cause de la crise sanitaire. Cette tendance de fond a conduit nombre d'imprimeurs à réduire leurs capacités de production pour se réorienter vers le carton, en plein boum avec l'essor de l'e-commerce et l'abandon des produits plastiques au profit de matières recyclables.
L'édition, dont le poids est marginal dans le volume global de la pâte à papier produite, subit ces évolutions alors même que, contrairement à d'autres secteurs, sa consommation de papier est restée quasiment stable en 2020. Le livre voit ainsi augmenter sa part relative - il représentait 3 % des achats de papier en 2005, contre environ 6 % en 2021 - et doit composer avec la réduction des capacités de production des imprimeurs en Europe. Sa forte croissance au sortir des confinements de 2020 a pris de court les acteurs et alimenté les tensions.
Celles-ci devraient progressivement s'apaiser : « La suppression de pans entiers de la production de matières plastiques est un bouleversement industriel qui redistribue tout l'écosystème de la production de papier et carton, analyse Thierry Lecointe, directeur régional chez Inapa, acteur majeur de la distribution papetière en Europe. Le marché ne l'avait pas suffisamment anticipé et a besoin de temps pour se restructurer. »