13 mai > Essai France

"Comme les Grecs distinguaient les hommes et les marins, pour Tzara, les journalistes sont des individus à part." A lire Il y a des journalistes partout : de quelques coupures de presse relatives à Tristan Tzara et André Breton de Marc Dachy, ce ne sont que des plumitifs qui déforment vos propos. Mais si, avant de débarquer à Paris de Zurich, Tzara ironise dans une lettre à Picabia, "Je m’imagine que l’idiotie est partout la même puisqu’il y a partout des journalistes", le fondateur de Dada fut, tout comme Breton, héraut quant à lui du surréalisme, très attentif à ce qu’il s’écrivait d’idiot à son endroit. Il collectionnait les articles, y relevant les inexactitudes et contrevérités parfois distillées par lui tant il désirait brouiller les pistes et faire en sorte que Dada ne pût être réduit à aucun "-isme". Tzara a eu droit à tous les quolibets : "barbare" pour Gide qui ne manqua pas non plus, dans la NRF, de préciser que ce Roumain était "juif", mauvais poète pour Alain Bosquet qui ne voit en lui qu’un provocateur anti-bourgeois.

Pour comprendre ces divers scandales, il faut rappeler ce que fut Dada : un mouvement, né au cœur de la Grande Guerre (1916-1917). Avec des revues telles Cabaret Voltaire et Dada à Zurich, Sic et Nord-Sud à Paris, il s’agit d’une internationale de l’insurrection poétique. Dada et surréalisme sont connexes dans leur approche de la poésie, des mots, du dépassement de la logique mais divergent dans leur engagement social… Marc Dachy, à qui l’on doit déjà Dada & les dadaïsmes (Folio, "Essais"), réhabilite ici Tzara, qui, en recensant les coupures de presse, n’avait pas plus que le pape du surréalisme "le désir de notoriété". S. J. R.

Les dernières
actualités