A quelques mètres de la mer, à l'ombre d'un vieux manguier et d'un banian, les débats littéraires se sont succédé du 14 au 17 octobre à Papeete (Tahiti), à l'occasion d'une dixième édition particulièrement réussie du salon Lire en Polynésie.
Cette manifestation, organisée par l'Association des éditeurs de Tahiti et des îles (AETI) à la Maison de la culture avec un budget de 65 000 euros, a pris pour ses dix ans un virage important, parvenant à sensibiliser tous les acteurs locaux.
Pour la première année, les hauts représentants politiques étaient présents, jeudi 14 octobre, à l'inauguration, dont le président Tong Sang et le haut-commissaire de la République Colrat, chacun rappelant dans son discours son amour des livres et l'importance de la lecture.
Toute la ville est mobilisée, que ce soit la seule médiathèque de la Polynésie française, les écoles, les librairies de Papeete, les éditeurs et les médias locaux, dont RFO.
“Je pense que cet anniversaire est un tournant, car pour la première fois le salon déborde de l'enceinte de la Maison de la culture”, se réjouit Christian Robert, président de l'AETI.
“Parcours polar” et “lecture plaisir”
Une appropriation du salon par le public qui s'est notamment faite grâce à la création avec la mairie d'un “Parcours polar” dans la ville suivi par plus de deux cents personnes.
“Nous souhaitons faire la liaison entre le livre et la notion de détente, poursuit Christian Robert. Nous avons un travail important à faire sur ce point en Polynésie car pour la majeure partie de la population, la lecture est associée à l'école.”
C'est dans ce souci de “lecture plaisir” qu'a été fait le choix du thème de cette édition, le polar, en présence d'auteurs de renom se rendant très disponibles tels que Jean-Hugues Oppel, Ingrid Astier, Danielle Thierry, Irène Bertaud, Claudine Jacques, Roland Rossero, le Néo-Zélandais Alan Duff, l'Australien aborigène Philip McLaren, ainsi que les traducteurs Marc de Gouvenain et Mireille Vignol.
Cette mise en avant du roman noir correspond aussi à une tendance éditoriale en Polynésie où tous les éditeurs ont, depuis peu, monté leur collection de polars du Pacifique.
Au Vent des îles, pionnier il y a dix ans avec la collection “Thriller polynésien”, a créé l'an passé la série “Noir pacifique”. Le Motu a publié son premier thriller, Les Mers australes ont inauguré en 2008 la collection “Récif noir”, et Haere Po a lancé pour le salon “Corail noir” avec On rit jaune à Tahiti de Philippe Prudhomme.
Du côté des ventes, les résultats ne sont pas aussi bons que l'an passé, avec néanmoins de bonnes surprises en jeunesse et pour les romans des auteurs présents au salon.
Les libraires sont cependant satisfaits, car la manifestation est d'abord une opération de sensibilisation à la lecture et permet de “faire découvrir la librairie et rencontrer de nouveaux clients”, explique Valérie Brillant, responsable du département librairie chez Odyssey.
Chez Klima, la librairie historique de Papeete, on ajoute que “c'est une vitrine de notre activité ; les gens qui n'ont pas les moyens d'acheter aujourd'hui des livres reviendront en début de mois prochain dans la librairie”.