Le 29e Salon du livre de Paris s'est ouvert sur l'absence remarquée de la ministre de la Culture. Retenue par le débat à l'Assemblée nationale sur la loi Création et Internet, Christine Albanel a envoyé à sa place la secrétaire d'état à la prospective et au développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Faut-il y voir un symbole ? C'est en tout cas la première fois que le salon n'est inauguré ni par un président de la République, ni par un ministre.
Dans les allées, le cortège de la secrétaire d'état est clairsemé. Serge Eyrolles, Benoît Yvert, Bertrand Morisset, sont là, mais peu de gens se pressent, déçus : « Et notre ministre à nous, elle est où ? »
Sans doute Serge Eyrolles, président du SNE, en guide personnel attentionné, aurait-il préféré une Christine fidèle au protocole à une Nathalie papillonnante, bavarde et - très - attentive aux innovations numériques.
Mais après un test de lecture de bande dessinée sur mobile au stand BD/Manga de SFR, une discussion avec Viviane Hamy sur son prochain livre lancé simultanément en format papier et numérique et un arrêt non programmé sur le stand des Archives de France où elle entame un débat passionné sur la numérisation des archives, la secrétaire d'état nous a assuré que le livre numérique a encore du chemin à faire avant de conquérir le public.
Preuve à l'appui : son fils de trois ans déteste lire sur écran. Quand on lui demande pourquoi les droits d'auteur de livres numériques ne sont pas à l'ordre du jour de la loi Création et Internet, elle est catégorique : « Il n'y a pas d'urgence ».
Mais elle concède avoir réuni il y a dix jours dans un dîner les principaux acteurs du livre numérique dont le directeur de Chapitre.com pour « discuter ».
Après avoir visité quelques stands emblématiques du salon : CNL, Hachette, Gallimard, Albin Michel entre autres, Nathalie Kosciusko-Morizet se rend au pavillon du Mexique pour une rencontre avec son ambassadeur, Carlos de Icaza. Ce dernier a souligné « l'effort fait par la France pour présenter la diversité du Mexique en traduisant à l'occasion du salon une soixantaine d'auteurs ».
La secrétaire d'état, elle, s'est dite « très impressionnée par les couleurs du pavillon et le travail architectural effectué ». Elle est repartie, enchantée, écouter un peu de musique mexicaine avant de continuer sa visite, Serge Eyrolles toujours à ses côtés.
Quelques mètres plus loin, un groupe de joyeux trouble-fête scandaient, banderole à l'appui : « Darcos, Pécresse démission, la culture n'est pas une marchandise ».