4 mars > roman France

On l’a quittée avec un très bon cru, L’armée furieuse (Viviane Hamy, 2011, repris chez J’ai lu). Fred Vargas revient cette fois chez Flammarion où elle publie Temps glaciaires. Un volume, vargasien en diable, qui réserve bien des surprises et ne manque pas de morceaux de bravoure.

Alice Gauthier, une vieille dame résidant dans le 15e arrondissement avec sa garde-malade, décide de poster une lettre de la plus haute importance. Sauf qu’elle chute dans la rue avant d’atteindre la boîte. Cinq jours plus tard, cette professeure de mathématiques à la retraite est découverte les veines tranchées dans sa baignoire. Alors qu’elle a pris soin de se parfumer et de se laver les cheveux.

La défunte a laissé un dessin, un signe indéchiffrable. Le dossier arrive d’abord sur le bureau du commissaire Bourlin. Policier à la vitalité rabelaisienne, celui-ci n’aime pas qu’on le dérange quand il mange et peut avaler des raviolis froids à même la boîte de conserve. Bien vite, le voici rejoint par le commandant Adrien Danglard et le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, de la brigade criminelle.

On ne se lasse jamais de ces deux-là. De Danglard qui force sur le vin blanc, porte des chaussures anglaises et ne se rase pas toujours. Et encore moins d’Adamsberg. Le Pyrénéen que personne n’a jamais vu réfléchir et qui prend tout son temps pour parler, "au risque d’endormir son interlocuteur, de sa voix en mode mineur, vaguement hypnotique pour certains, attractive pour d’autres". Un homme au regard bleu et vague qui vit avec son fils Zerk, dont il a fait la connaissance tardivement.

Un autre prétendu suicidé débarque dans le tableau. Il s’agit d’Henri Masfauré. Le père d’Amédée Masfauré à qui était adressée la lettre d’Alice Gauthier. Lettre finalement envoyée par une bonne âme. Nos enquêteurs prennent le chemin des Yvelines et d’un haras situé à Sombrevert. Ce qui va leur permettre d’aller dîner à l’auberge du Creux où l’on sert des pommes paillasson à se damner…

Fred Vargas a décidément un sens de l’humour et des situations uniques. L’auteure de Pars vite et reviens tard (Viviane Hamy, 2001, repris chez J’ai lu) et de Dans les bois éternels (Viviane Hamy, 2006, repris chez J’ai lu) s’amuse à noyer le poisson, à égarer le lecteur pour mieux le surprendre. Temps glaciaires est un savoureux roman où l’on mange de tout, comme on l’apprendra. On dira encore qu’on y trouve des canards décapités. Un sanglier, prénommé Marc, au museau aussi soyeux qu’un caneton. Et de fameux Citoyens liés à l’Association d’étude des écrits de Maximilien Robespierre.

Ferrés d’entrée de jeu, les fidèles amateurs de Fred Vargas ne lâcheront ni le fil ni Adamsberg. Un Adamsberg amené à se rendre dans une île du pôle Nord avec plus d’oiseaux que d’habitants. Un lieu où le brennivin brûle les mâchoires et où il faut se méfier de l’afturganga…

Alexandre Fillon

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