Touche-à-tout érudit, spécialiste de l’insolite et des faits divers, Bruno Fuligni convie son lecteur, cette fois, à une (re)visite du Panthéon. Ce "gros scarabée", ce "vieux coléoptère", conçu à l’origine par l’architecte Soufflot, à la demande de Louis XV, en tant qu’église, et qui a subi, jusqu’en 1885 où en accueillant Victor Hugo il a enfin été rendu à sa fonction laïque, républicaine et commémorative, toutes les convulsions de l’histoire de France moderne. Pour ce faire, Fuligni a choisi une forme plaisante, celle de la sotie, ce qui n’exclut pas la documentation : chronologie et statistiques en annexe. Précisons enfin que l’idée de ce livre lui a été inspirée par un polar de Cami, Les kidnappés du Panthéon, paru en 1947.

Le narrateur, éméché et irrespectueux, se laisse enfermer un soir au Panthéon. Dans un état second, il descend dans la crypte, où il tombe sur un premier fantôme, qui sera son guide et lui présentera quelques-uns de ses 31 compagnons dont la dépouille ou les cendres sont effectivement présentes sous la coupole. Les autres sont des "absents", ou des "intrus" honorés sans nulle raison autre que politique. Ainsi ce Claude-Ambroise Régnier, duc de Massa, son cicérone, un "affreux" en effet, thermidorien devenu dignitaire de l’Empire, profiteur, assassin, raciste et traître. Ce qui nous vaudra quelques belles empoignades avec d’autres fantômes (Jaurès, Zola, Hugo), ou même Marie Curie, avant qu’ils ne prennent tous la poudre d’escampette. C’est vif, drôle, farfelu, fulignesque. Jean-Claude Perrier