Pour la 51e édition du Grand Prix du Festival international de la BD (FIBD), les organisateurs ont attribué la récompense majeure de la bande dessinée à une personnalité anglaise, Posy Simmonds.
À 78 ans, la dessinatrice devient la récipiendaire la plus âgée de ce prix remis depuis 1974 lors de l’inauguration du Festival international de BD d’Angoulême. Couronnée pour l’ensemble de son œuvre, qui est actuellement au cœur d’une rétrospective à la bibliothèque du Centre Pompidou, à Paris, Posy Simmonds était en compétition avec L'Américain Daniel Clowes et la Française Catherine Meurisse. Cette dernière, qui a aussi été au cœur d’une rétrospective à Beaubourg, échoue pour la cinquième fois en finale de ce prix.
Inspirée par les auteurs du XIXᵉ siècle
D’une nature discrète, officiant durant quatre décennies comme dessinatrice de presse au Royaume-Uni, Posy Simmonds s’est révélée au grand public français en l’an 2000 avec la parution de Gemma Bovery (Denoël Graphic), libre adaptation du roman de Gustave Flaubert, dont les différentes éditions (la dernière en 2019) se sont écoulées à plus de 15 000 exemplaires, selon GFK. Cet ouvrage a par ailleurs inspiré la réalisatrice Anne Fontaine en 2014 pour son film éponyme avec Gemma Arterton et Fabrice Luchini.
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Son plus gros succès en France est encore son roman graphique Tamara Drewe (Denoël, 2008), librement inspiré de Loin de la foule déchaînée, de Thomas Hardy, Grand Prix de la Critique BD 2009 vendu à plus de 26 000 exemplaires. Également adapté au cinéma avec Gemma Arterton (Stephen Frears, 2010).
Depuis 1988 et son premier ouvrage destiné à la jeunesse Lulu et les bébés volants (Hatier), l’autrice a publié une quinzaine de titres, dont Cassandra Darke, en 2019, inspiré encore une fois d’un auteur du XIXème siècle, Charles Dickens, qui a dépassé les 20 000 exemplaires vendus.
Croque malicieusement auteurs et lecteurs
Son recueil de dessins parus dans le Guardian, Literary life. Scènes de la vie littéraire (Denoël, 2014), croque avec subtilité le monde du livre britannique. En avant-critique de l’ouvrage, Livre Hebdo, par la plume de Fabrice Piault, écrivait : « De son trait souple et pétillant, la dessinatrice accompagne la petite librairie Wintergreenes dans ses mille combats contre l’adversité : concurrence d’un megastore de la chaîne Boulder Books, conférences d’auteurs que personne n’écoute, faux clients qui viennent s’abriter de la pluie. Elle moque auteurs et lecteurs dans d’accablantes séances de dédicace ; suit des tournées dans des écoles ; calcule la rentabilité de la minute de travail de l’écrivain ; décrit d’édifiantes séances de “creative writing” et, dans toutes sortes de circonstances cocasses, les affres de la création littéraire en solitaire. »
La « maîtrise stylistique » de la dessinatrice, qui cadre à merveille des personnages au plus près de leur intimité en combinant avec brio texte courant, illustrations et séquences en bande dessinée, a conquis la critique BD française. Et son dernier recueil publié par Denoël à l’occasion de la rétrospective de Beaubourg, True love. Une romance graphique (2023), rassemble des inédits de la dessinatrice britannique ainsi qu'un florilège de pièces rares et de chroniques dessinées pour la presse.
Cinquième femme récompensée par le Grand Prix, elle succède au français Riad Sattouf.