Dancing in the dark. Devant les portes de la prison de Holloway, une foule hétéroclite se presse. « C'est une pendaison ? », demande un livreur de journaux. « Pas du tout, répond un homme, c'est une occasion festive. Old Ma Coker s'apprête à être libérée. » Petite femme à l'allure de chouette, Nellie Coker est à la tête d'un empire de la nuit, les dancings les plus courus de Soho, où se mêlent malfrats et aristocrates. Un « château de cartes » que l'inspecteur Frobisher entend bien renverser, avec l'aide de la téméraire Gwendolen, ancienne infirmière militaire qui va infiltrer le royaume de Coker. « Ce n'était pas la délinquance morale [...] qui consternait Frobisher. C'était les filles. » Des jeunes femmes qui se volatilisent du jour au lendemain et dont les dernières traces convergent vers l'Amethyst, un des clubs de Nellie Coker. La reine de la nuit est cependant obligée de se méfier de sa descendance, et en particulier de son fils Niven, ancien tireur d'élite dans les tranchées qui, à la libération de sa mère, dépose sur sa joue un baiser ressemblant « plus à celui de Judas qu'à une marque d'affection filiale ».
Pétillante et mélancolique plongée au cœur de bas-fonds où « le crime pay[e] ; le combattre, non », Le règne de la nuit, qui s'est écoulé à plus de 400 000 exemplaires au Royaume-Uni, est un spiritueux du genre traître : léger comme la bulle d'un mousseux mais plus enivrant qu'une liqueur. On est fasciné par la façon dont Kate Atkinson anime sa galerie de personnages et déplie les décors de ce Londres des Années folles, où le meilleur mais surtout le pire semble possible à chaque coin de rue sombre.
Le règne de la nuit
Christian Bourgois
Traduit de l’anglais par Colin Reingewirtz
Tirage: 6 500 ex.
Prix: 25 € ; 522 p.
ISBN: 9782267054804