La narratrice, quand elle se découvre « le goût des garçons », est en 5e chez les sœurs catholiques de Notre-Dame de l'Annonciation, à Beyrouth. C'est là que les familles libanaises bourgeoises, francophones envoient majoritairement leurs filles. Et aussi quelques rares garçons, boursiers, par charité. La préado éprouve vite un intérêt soutenu pour les choses du corps : le sien, déjà, qui souffre d'hirsutisme, d'où épilations et complexe. Dans sa classe, il y en a des plus riches, des plus enviées, des plus délurées en apparence, comme les Dangereuses, qui se vantent d'avoir déjà connu quelques expériences. Pas elle. Mais l'année suivante, à 13 ans, ses premiers émois tournent à l'obsession : elle noue quelques relations sur le Net, puis découvre le french kiss avec un élève de seconde, dans le bois du collège.
Parallèlement, elle se rebelle contre les sœurs, l'institution, la religion : « Je pensais beaucoup aux bites pendant les messes », confie-t-elle. Elle finira par en découvrir une, pour de vrai, celle d'un terminale, un beau « petit voyou », mais correct : alors qu'elle l'en implore, il refuse de la déflorer... Il lui tarde, alors, de partir pour la France, où elle espère vivre libre, enfin. Ce premier roman, sans doute un peu autobiographique, bouscule quelques codes par sa crudité, sa transgression décomplexée. L'héroïne est attachante, l'écriture impeccable. Joy Majdalani, dont on connaissait quelques nouvelles, affirme ici son talent d'écrivain.
Le goût des garçons
Grasset
Tirage: 2 800 ex.
Prix: 14,90 € ; 180 p.
ISBN: 9782246828310