Comment séduire les partenaires internationaux, désormais indispensables à l’économie de la production éditoriale pour la jeunesse, et pourtant de plus en plus difficiles à capter ? Alors que la concurrence est toujours plus forte et que leurs principaux pays partenaires, en particulier l’Espagne, l’Italie et le Portugal, sont durement affectés par la crise, les éditeurs français présents du 25 au 28 mars à la 50e Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne savent qu’ils devront, peut-être plus encore que les années précédentes, séduire et rassurer les acheteurs potentiels. L’effet de collection, les ouvrages primés sont autant d’arguments pour les acheteurs. «Pour les éditeurs étrangers, c’est rassurant d’acheter des livres qui ont déjà obtenu des prix », estime Isabelle Darthy, responsable des droits étrangers à L’Ecole des loisirs. Il faudra aussi faire preuve d’adaptabilité : les éditeurs sont nombreux à élaborer des propositions pour anticiper les besoins et les impératifs économiques des acheteurs potentiels. «En raison du contexte économique, nous devons élargir notre offre et réfléchir plus en amont à des adaptations de nos titres qui répondent au mieux aux attentes de nos partenaires étrangers et notamment à leurs contraintes financières », reconnaît Emmanuelle Marie, directrice du service international de Bayard Jeunesse. Si les nouveautés seront comme toujours à l’honneur, la foire est plus que jamais l’occasion de valoriser le fonds. «Nous remettons en avant des titres de notre catalogue qui correspondent à une demande précise d’un partenaire ou qu’il nous semble important de soutenir car il faut parfois du temps avant qu’un auteur ne soit repéré par les éditeurs étrangers », indique par exemple Thierry Magnier, responsable du pôle jeunesse d’Actes Sud.
Mais l’arme brandie par l’ensemble des acteurs du marché, avec la qualité revendiquée de leurs auteurs et illustrateurs, est l’originalité, en particulier dans le domaine des albums et des livres pour les tout-petits. «Pour plaire à l’international, il faut se démarquer fortement avec des livres spectaculaires ou difficiles à réaliser techniquement, confirme Anne Vignol, cessionnaire de droits chez Hachette Jeunesse. Faire juste un album joli, cela ne suffit pas. » C’est aussi le pari tenu par Mango Jeunesse : «L’originalité est plus risquée, mais en même temps c’est ce qui peut plaire aux éditeurs étrangers », relève Marion Bordier, directrice éditoriale de Mango Jeunesse. Réaliser des livres remarquables, élaborés, tout en maintenant un prix raisonnable : une équation qui a tout du grand écart alors que les coûts de fabrication et des tests, qui tendent à se rapprocher de ceux en vigueur pour les jouets, alourdissent la facture.
Des livres toujours plus
Tous les segments s’enrichissent donc de livres toujours plus élaborés, même si les ouvrages « classiques » conservent leur place à part entière. «Ce n’est pas évident aujourd’hui pour un parent de mesurer la valeur d’utilisation d’un livre, admet Sophie Chanourdie, directrice littéraire du pôle albums chez Milan. Le livre animé est une manière de la justifier, mais il ne faut pas faire de la surenchère. » L’époque de la technique pour elle-même est un peu révolue. Pour convaincre, la forme ne doit pas sacrifier le contenu. « Aujourd’hui, les livres sont plus conçus avec une valeur ajoutée qui sert véritablement le contenu. Il ne s’agit plus de simples prouesses techniques comme auparavant », estime Hélène Wadowski, directrice de Flammarion Jeunesse, qui montrera notamment à Bologne Le géant petit cadeau, un livre sans texte avec un pop-up final, et Tous les enfants ont les mêmes droits !, un ouvrage composé de bandelettes qui se déplie entièrement. « La forme est au service du fonds. Les possibilités techniques actuelles permettent aux illustrateurs d’aller plus loin dans la créativité et de s’affranchir du page-à-page », renchérit Marion Bordier, chez Mango Jeunesse, qui présentera entre autres ouvrages Les quatre saisons, composé de 4 livres qui s’encastrent, à mi-chemin entre l’imagier et l’album.
L’Ecole des loisirs proposera de son côté Le grand livre de tout de Malika Doray, un ouvrage grand format réalisé selon un étonnant système de pliages, ainsi que des nouveautés dans la série des livres-cubes de Bénédicte Guettier. Sarbacane livrera le 4e titre, Mission au centre de la Terre, de la série de livres-jeux Shen Shan, où le jeune lecteur est invité à résoudre régulièrement des énigmes avant de poursuivre l’histoire. «Il ne faut pas avoir peur d’explorer de nouveaux horizons et d’aller vers le jeu, à condition de garder notre spécificité d’éditeur », précise Emmanuelle Beulque, directrice éditoriale de Sarbacane. Chez Hatier Jeunesse, une série d’Henri Meunier et Nathalie Choux, entamée en février avec deux titres (Pirates ! et Chevaliers !), associe à chaque histoire une double page de jeux.
Tourbillon proposera une nouveauté dans la série « On joue à », qui assemble un livre et des accessoires (On joue au docteur), et une version en 3D de Totam de Xavier Deneux. Milan présentera un beau livre animé sur Paris en deux versions, française et anglaise. Gallimard déploiera Les dix droits du lecteur de Daniel Pennac, invité de la foire, un livre pop-up pour les 7 ans et plus, paru en novembre dernier. Hélium sera présent avec Océans, sa nouveauté sur ce créneau. Mango Jeunesse présentera Pinocchio, réalisé en ombres chinoises, et Livre-meuble, un album en relief, offrant une visite dans les tiroirs d’une armoire. La Martinière Jeunesse, pour sa part, se positionne avec des coffrets tels que Mon coffret pour devenir grand, monté sur roulettes et contenant quatre livres sur les premiers apprentissages.
La bonne cote des Français
Les Français miseront particulièrement sur les albums, un segment qui reste un incontournable du marché et sur lequel leur bonne réputation se renforce, constate Christine Baker, directrice éditoriale de Gallimard Jeunesse. «Les éditeurs sont de plus en plus nombreux à venir consulter les albums sur les stands des éditeurs français », observe-t-elle. Gallimard Jeunesse sera présent en particulier avec la collection « L’heure des histoires », destinée aux plus jeunes, Alma n’est pas encore là de Stéphane Audeguy et Laurent Moreau, De vrais amis d’Anne-Gaëlle Balpe et Nathalie Choux. L’éditeur présentera également plusieurs nouveautés Gruffalo, un personnage pour lequel il détient désormais non seulement les droits en livre de poche mais aussi en grand format, avec les versions de Gruffalo et de Petit Gruffalo dans une nouvelle traduction.
Pour Béatrice Decroix, directrice du pôle jeunesse du groupe La Martinière, l’album est un terrain de négociation privilégié : « C’est un format rentable pour les éditeurs étrangers, pas très cher en fabrication, facile à réimprimer, mais vendu à un prix relativement élevé. Ces titres enrichissent leur catalogue sur le long terme. A nous de nous montrer dynamiques en présentant les dernières parutions de nos auteurs reconnus, mais également en apportant de la nouveauté avec de jeunes auteurs. » Le groupe montrera notamment Mékeskispasse ? de Tina Mercié et Quand y avait pas d’école de Vincent Malone et André Bouchard au Seuil Jeunesse, Bulle de Justine Brax et Mon âme au vent d’Eric Puybaret chez La Martinière Jeunesse.
Chez Albin Michel Jeunesse, l’un des temps forts sera la présentation du nouvel album de Benjamin Lacombe, MadameButterfly. Le Baron perché fera découvrir Le Petit Chaperon bleu de Clémence Pollet et Guia Risari, et La tête ailleurs de Marie Dorléans, ainsi qu’une histoire dans l’air du temps avec Un air de familles, sur la diversité des familles aujourd’hui, écrit par Béatrice Boutignon, l’auteure de Tango a deux papas sur une famille de manchots homoparentale. Hatier Jeunesse mettra en avant son album coup de cœur, Les quatre saisons de Népomucènele jardinier de Thierry Laval, et Nathan Jeunesse Le voyage extraordinaire de Petit Pierre. Pour les plus grands, Sarbacane proposera dans sa collection « Grands albums illustrés » une version de Bartleby d’Herman Melville, accompagnée des peintures de l’illustrateur québécois Stéphane Poulin. Autrement montrera les deux nouveautés de ses « Histoires sans paroles » : Une rencontre de Princesse Camcam et Western de Gaëtan Dorémus, ainsi qu’un album étonnant de Junko Shibuya dont les illustrations sont réalisées en tissu.
Renouveau des contes
Valeurs sûres du marché, les contes classiques occuperont une place de choix chez plusieurs éditeurs. Gautier-Languereau présentera « Les albums merveilleux », une collection disponible à partir de mai avec deux premiers titres : Hansel et Gretel, illustré par Régis Lejonc, et Les musiciens de Brême, illustré par Antoine Guilloppé. First-Gründ mettra en avant la collection de recueils « Histoires du soir », déjà bien installée, et deux nouvelles séries, « Le tiroir aux histoires » ainsi que « Mes tout p’tits contes », qui revisite les grands classiques (Le Petit Chaperon rouge, Boucle d’or et les 3 ours) avec des illustrations de Raphaëlle Michaud dans un très petit format adapté aux plus jeunes lecteurs.
Flammarion Jeunesse livrera également une version de Boucle d’or illustrée par Charlotte Gastaut, une nouvelle version du Rossignol et l’empereur de Chine d’après Andersen, illustré par Qu Lan, ainsi que Marlaguette, un grand classique du Père Castor, revisité par l’illustrateur Olivier Tallec. Milan prévoit la publication de l’histoire intégrale de Mowgli illustrée par Justine Brax et, dans la collection « Les grands albums classiques », un Chat botté illustré par Raphaël Gauthey.
Tout un univers
Créer, au-delà du livre, un univers autour des personnages est également une voie de plus en plus souvent empruntée par les éditeurs pour rendre leur production encore plus attractive auprès des acheteurs étrangers. Cette démarche répond à la demande des petits lecteurs, augmente la visibilité de la production éditoriale et répond également à une nécessité économique en multipliant les sources de revenus. Aux éditions Thierry Magnier, Boris, le petit personnage inventé par Mathis, connaîtra une déclinaison en dessin animé diffusé sur France Télévisions. Larousse a signé cette année deux licences, l’une pour Zou, le petit zèbre et l’autre pour Les légendes de Tatonka, dont les aventures diffusées en dessins animés à la télévision sont éditées sous formes d’albums, de livres à colorier, etc.
Hachette Jeunesse décline dans des cahiers de coloriages, des stickers, des recueils, ses différents personnages destinés aux plus jeunes lecteurs, tels que Mamy poule. Milan réfléchit à une déclinaison des « Imagiers gigognes » et de la collection de petites encyclopédies thématiques « Mes années pourquoi ». Chez Milan, La rue des mystères de Xavier Salomó et Meritxell Marti, un livre animé avec rabats et flaps, paraîtra en même temps qu’une application pour smartphone permettant des explorations dans l’univers de l’album. Gallimard possède dans son catalogue plusieurs personnages à partir desquels ont été créés des univers entiers, tels que Gruffalo, l’âne Trotro, ou encore Pierre Lapin de Beatrix Potter, autour duquel plusieurs histoires modernisées sont prévues en 2013. < V. H.
Des lecteurs de plus en plus jeunes
La production destinée aux tout-petits est en plein boom, avec des ouvrages toujours plus ludiques.
Ludiques, interactifs, proches du jouet, les ouvrages pour les tout-petits, dès quelques mois, connaissent un fort développement et les éditeurs rivalisent d’imagination pour toucher cette cible. Cet intérêt se retrouve également à l’international. « Ces ouvrages qui nécessitent une fabrication complexe intéressent particulièrement nos partenaires », note Emmanuelle Braine-Bonnaire, responsable éditoriale de la jeunesse chez Hatier. L’éditeur, spécialiste des livres d’éveil, n’hésite pas à faire appel à des stylistes et à des designers pour l’élaboration de ces ouvrages. A Bologne, il présentera notamment plusieurs titres mettant en scène le petit éléphant Barri ainsi que la série « Bébés mimes », qui s’adressent aux petits dès 9 mois.
Albin Michel Jeunesse renforce cette année son secteur petite enfance en cherchant de nouveaux concepts comme la série « Des imagiers à raconter » de Camille Jourdy, ou encore Les petites lumières de la magie et Les petites lumières de la nature, avec des diodes lumineuses, d’Annette Marnat. « C’est un marché sur lequel il faut faire preuve d’inventivité avec une conception de plus en plus ludique, même si les thématiques restent traditionnelles », souligne Marion Jablonski, directrice éditoriale d’Albin Michel Jeunesse. Larousse Jeunesse a également prévu d’étoffer son offre sur l’éveil avec notamment la collection « Ma baby encyclopédie », entamée en 2012, et L’encyclopédie Larousse des petits, ainsi qu’avec ses boîtes quiz et la collection « Dis-moi ! ». « Les éditeurs étrangers sont intéressés par les livres avec un contenu pédagogique présenté sous une forme originale », observe Florence Pierron-Boursot, directrice éditoriale du département jeunesse de Larousse.
First-Gründ présentera plusieurs nouveautés dans la collection des « Imagidoux » (L’anniversaire, Les berceuses, Au zoo). Sarbacane, qui, pour ses 10 ans d’existence, sera mis à l’honneur sur le stand du Bief à Bologne, montrera les nouveautés de sa collection « Petit dernier », qui illustre la vie quotidienne au sein des grandes fratries d’aujourd’hui, et qui donnera lieu à une série de dessins animés sur Canal+ à partir de la rentrée. L’éditeur présentera également Gommettes circus, un ouvrage en très grand format - entre le livre d’activité et le livre d’art - sur l’univers du cirque, imaginé par Anne-Lise Boutin. Nathan Jeunesse mettra en avant les imagiers « Kididoc » et la série « Petit Nathan », qui accueille plusieurs nouveautés cette année, comme Coucou les animaux et Bonjour mon bébé.
Hachette Jeunesse, qui a décidé de rééquilibrer son programme de parutions, jusque-là concentré sur la fin de l’année, en faveur du premier semestre, joue sur toutes les cordes des livres pour les moins de 5 ans : livres pour le bain comme livres tout-carton avec des coins ronds. L’éditeur mettra en valeur à Bologne les nouveautés de ses différentes collections pour les petits, en particulier la série des Toupetis d’Anne Gutman et Georg Hallensleben (Les bisous, Les câlins, Les jeux), Bijou et Yi Yi de Nathalie Dargent et Colonel Moutarde, une nouvelle série entamée en janvier mettant en scène une petite fille et son doudou, ainsi que Bébé koala et Petit lapin blanc.
L’Ecole des loisirs montrera sa collection « Loulou et compagnie » et plusieurs créations comme Des amis à chaque étage d’Adrien Albert ou 3contes cruels de Matthieu Sylvander et Perceval Barrier. Flammarion Jeunesse reprend son personnage Chamalo dans une série de petits livres d’apprentissage à 2,95 euros (Chamalo découvre les fruits, Chamalo découvre les formes de Marion Billet) et proposera Le jardin de Clara de Sandra Nelson, ainsi qu’un ouvrage de circonstance, Le premier œuf de Pâques, un livre rond, reprise d’un classique de Zemanel. Casterman, qui a remis en avant en 2012 l’univers de Gabrielle Vincent suite au succès du dessin animé Ernest et Célestine, présentera à Bologne son nouveau personnage pour les tout-petits, Canaille, un petit poney à bottes rouges imaginé par Jean Leroy et Emile Jadoul. Deux nouveaux héros font également leur apparition : au Seuil Jeunesse, Kiki king de la banquise de Vincent Malone et Jean-Louis Cornalba, un petit personnage que l’on suit dans sa vie quotidienne, et chez La Martinière Jeunesse, Doudou Poussin, de Benjamin Leduc et Laurent Richard, qui devient tour à tour pompier, vétérinaire… Pour Milan, l’un des gros enjeux sera la présentation des nouveautés dans la série des « Imagiers gigognes », dont les 4 premiers titres en 2012 ont trouvé des coéditions dans une douzaine de langues. L’éditeur mettra également en avant sa collection de livres à toucher, déjà bien installée. < V. H.
Cinquante ans de Bologne
Elisabeth Lortic, cofondatrice des éditions Les Trois Ourses, compte parmi les plus anciens participants de la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne (Italie), où elle est venue pour la première fois en 1972. Elle retrace son expérience dans un livre collectif publié par la manifestation à l’occasion de sa 50e édition, du 25 au 28 mars. Extrait.
Deux livres collectifs marqueront le 50e anniversaire de la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne, qui aura lieu du 25 au 28 mars. Sous le titre People, le premier propose des photos des professionnels et des visiteurs qui en ont fait l’histoire et les grands moments. Le second, Bologne, 50 ans de livres pour enfants du monde entier, constitue une somme sur le secteur depuis un demi-siècle. « La Foire, les livres, la ville », la première partie, retrace la création de la manifestation et son implantation dans la capitale de l’Emilie-Romagne avec, entre autres choses, des textes d’Antonio Faeti, professeur à l’université de Bologne et grand spécialiste de la littérature enfantine ; de Carla Poesio, directrice artistique de la foire, qui en raconte les débuts ; et de Valeria Patregnani, qui revient sur la création des célèbres prix BolognaRagazzi.
La seconde partie dresse un panorama mondial de l’édition pour la jeunesse. Elle rassemble des contributions sur la littérature de jeunesse américaine signées des spécialistes Sandra Beckett, Jerry Griswold et Leonard Marcus, sur les littératures de jeunesse espagnole, sud-américaine, anglaise, allemande, française, scandinave, coréenne, japonaise, africaine, iranienne, israélienne, etc. On y lira notamment des articles sur « L’album illustré en Fance depuis les années 1960 : un scénario kaléidoscopique » par Sophie Van der Linden ; « La spécificité de l’album français » par Christine Plu ; et « 50 ans de littérature pour enfants dans l’Afrique francophone » de Viviana Quiñones. Enfin, la troisième partie propose des souvenirs et des témoignages sur la foire, recueillis auprès de ses participants. Parmi eux, ceux des éditeurs français Marion Jablonski, directrice d’Albin Michel Jeunesse, Thierry Magnier, directeur de la maison du même nom, Christine Morault, codirectrice de MeMo, Hedwige Pasquet, directrice générale de Gallimard Jeunesse, Alain Serres, directeur de Rue du monde ; des illustrateurs et graphistes Marion Bataille, Etienne Delessert et François Place ; de la directrice artistique Charlotte Moundlic ainsi que d’Elisabeth Lortic (Les Trois Ourses). Cette dernière fréquente depuis plus de quarante ans la manifestation où elle est d’abord venue comme bibliothécaire à Aubervilliers puis à La Joie par les livres, et ensuite comme éditrice pour Les Trois Ourses. Interview.
V. H.
Propos recueillis par Claude Combet pour le livre Bologne, 50 ans de livres pour enfants du monde entier, édité par la Foire de Bologne, mars 2013.
Meilleures ventes : petits prix pour petits enfants
S’ils sont récompensés par des Bolognaragazzi, les albums français ne se retrouvent pas pour autant parmi les meilleures ventes. Le palmarès Ipsos/Livres Hebdo des meilleures ventes d’albums en 2012 fait d’abord la part belle aux héros de longue date de la petite enfance, et pour la plupart adaptés à la télévision. En tête, Les Monsieur Madame de Roger Hargreaves, avec sept titres. Nés en 1971, vendus à plus de 200 millions d’exemplaires dans le monde, ils se déclinent sous toutes les formes et pour toutes les circonstances : Noël, anniversaire, etc. On retrouve aussi sur la liste T’choupi, né en 1992, avec 5 titres, dont le T’choupi va sur le pot, numéro un du classement, qui répond à l’angoisse universelle des parents. Aux côtés de Disney (4 titres), Fleurus fait fureur avec la collection « P’tit garçon ». Plus récents, les imagiers sonores de Marion Billet (4 titres), et Le loup… d’Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier (3 titres), dans la collection « Mes p’tits albums », se sont implantés rapidement dans l’univers des petits. La seule surprise est la version brochée, au format album, de La petite poule qui voulait voir la mer de Christian Jolibois et Christian Heinrich.
Pour les plus âgés, on retrouve les indémodables Tom-Tom et Nana et Max et Lili (2 titres pour chacune des deux séries), des bandes dessinées fortement ancrées dans le quoditien des 6-8 ans, qui constituent aussi une porte d’entrée sur le monde de la lecture.
Dans tous les cas, avec Les Monsieur et Madame à 2,30 euros, les T’choupi à 5,70 euros, « Mes p’tits albums » à 5,95 euros, La petite poule qui voulait voir la mer à 4,80 euros, un Roule galette, classique indémodable du Père Castor à 2 euros, ou un Raiponce à 2,10 euros, en ces temps de crise, les livres à petits prix font les meilleures ventes, onze des trente titres du palmarès sont commercialisés à moins de 3 euros, et seuls huit dépassent 6 euros.
C. C.