Le mur du 100. À côté de ces pionniers de l'automobile que furent le comte Gaston de Chasseloup-Laubat, dandy, membre du Jockey Club, fondateur de l'Automobile Club de France et créateur du Tour de France automobile (première édition en 1899), ou son concurrent, son meilleur ennemi, l'inventeur belge Camille Jenatzy, nos Elon Musk et consorts apparaissent comme des amateurs. Dès le tournant de l'autre siècle, soit en 1898-1899, ces visionnaires ont inventé l'automobile électrique, se sont bagarrés pour s'imposer à côté des hippomobiles et des voitures à essence, sous les lazzis de presque tous. Ils ont poussé les limites de leurs engins (plus proches à la fin de l'aérodynamisme de la fusée ou de la torpille que de celui des voitures déjà « traditionnelles » de MM. De Dion, Panhard et Levassor et autres « mécanistes ») pour atteindre des records de vitesse inouïs et ce rêve fou : dépasser les 100 kilomètres à l'heure, départ arrêté, sur circuit. Chose faite à Achères (Seine-et-Oise), le 29 avril 1899 : Jenatzy, sur sa Jamais Contente, préparée par la jeune Céleste, la première femme mécano, atteint les 105. Chasseloup, beau joueur, s'incline, mais sa Duchesse, bichonnée et améliorée par Gabriel Sace, un jeune ingénieur naval qui voue à Jenatzy une haine farouche pour des raisons personnelles, prendra sa revanche lors du Tour, quelques mois plus tard.

C'est cette épopée des merveilleux fous roulants que Jérôme Hallier, amateur de farfelu, a choisi de raconter, au jour le jour. Tout ici est authentique, même l'incroyable. Seuls Céleste et Gabriel sont inventés : tombés fous amoureux, ils finiront par partir faire le tour du monde... en bateau !