Minage à trois. Ce sont trois voix qui parlent successivement. Mathieu, Xavier et Marie, trois personnages en quête de l'impossible, forment les pans du triptyque romanesque de Jérôme Aumont, Un empêchement. Mathieu se confie à Xavier qui, on le comprend très vite, est mort dans un accident de voiture. Par ses mots, il compose un hymne à l'être qu'il aime et a perdu comme il brosse un portrait de lui-même. Bientôt 50 ans, cadre au « costume de gendre idéal », marié à Marie, dont il a une fille de 18 ans qui vient de quitter le cocon familial, Mathieu est un homo resté dans le placard depuis des années jusqu'à cette soirée où Marie l'a traîné pour narguer son amant, et où, par l'ironie du sort, c'est lui, l'époux, qui a fait la rencontre de l'homme de sa vie, Xavier. L'amant endeuillé révèle cet autre amour perdu, premier, lointain, Franck, mort du sida et sur qui il a veillé dans sa jeunesse... Mathieu pleure aujourd'hui cette lâcheté qui l'a empêché de quitter Marie pour Xavier. Marie la battante mise tout sur sa carrière dans la presse féminine et raconte dans sa partie, qui clôt ce roman du bonheur empêché, comment elle a épousé un homme qui ne lui ferait pas d'ombre et lui serait toujours fidèle. Xavier relate quant à lui sa passion pour Mathieu et le désir de ce dernier qui se consumait pour lui- ces feux d'autant plus vifs qu'ils avaient été dormants jusqu'au mitan de l'existence. Xavier dit sa douleur d'avoir été l'amant caché : Mathieu était aussi l'homme de sa vie, fatalement abrégée. Jérôme Aumont signe une triangulation délicate et douloureuse, où le temps et la mort se jouent des sentiments.