Les intrépides. Depuis plus d'un siècle, la Californie incarne le rêve, la richesse et la possibilité de se réinventer. Voilà pourquoi Eliza et son époux emménagent à Monterey, « une jolie ville agréable », en 1851. Mais leur ruée vers l'or ressemble à un leurre. Leur mariage, arrangé, n'est guère glorieux ni heureux puisque cet homme de vingt ans son aîné l'a poussée à avorter. Leurs noces prennent fin brutalement lorsque Peter se fait tuer dans un bar. Sa femme « s'était trouvée plus soulagée qu'attristée d'être veuve. C'était une brute et un menteur ». La priorité d'Eliza est alors de se trouver un toit et un métier. Pas trop le choix... Aussi débarque-t-elle dans ce que l'on nomme élégamment une maison de tolérance. Les filles de joie y évoluent sous la tutelle de la redoutable tenancière Mme Parks. Une main de fer dans un gant de velours, de classe et de discrétion. Elle avoue à sa jeune protégée : « Entre toi et moi, être une femme est un métier dangereux et ne laisse personne prétendre le contraire. » Eliza va toutefois y découvrir son bonheur, sa sensualité et une forme de liberté, à l'heure où partisans de l'esclavage et abolitionnistes se déchirent déjà. Face à ce monde menaçant, qui aboutira à la guerre de Sécession, elle se sent plutôt à l'abri parmi ses prétendants. Mais la disparition et l'assassinat de plusieurs prostituées éveillent son sens du danger. L'indifférence envers ces crimes la pousse à s'allier à l'effrontée Jean qui, elle, travaille dans une maison close pour dames. Leur piste ? « Le meurtrier, un homme qui ne cherchait pas à manifester sa colère ou son désir de vengeance, mais qui voulait demeurer dans l'ombre afin d'assassiner d'autres filles. La question cruciale était : où chercher. » Munies de leur culot, de leur curiosité et de leurs chevaux, les deux détectives improvisées se lancent dans l'enquête tout en tentant le diable. « Les hommes seront toujours les hommes », que ce soit dans les liens intimes ou la soif de pouvoir. Après le prix Pulitzer de la fiction pour L'exploitation (sa version du Roi Lear) en 1992 et le PEN USA Lifetime Achievement Award en 2006, après sa trilogie Un siècle américain (Rivages, 2016, 2018, 2019), Jane Smiley s'amuse à mêler suspense et western féministe. Un métier dangereux s'inscrit dans la lignée des Aventures véridiques de Lidie Newton (2002), qui ressort d'ailleurs en poche. Des romans à se passer de mère en fille.
Un métier dangereux
Rivages
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 22 € ; 288 p.
ISBN: 9782743662387