C’est un épilogue qui en vaut d’autres. Et qui sans doute aurait plu au principal intéressé, volontiers amateur de pas de côté. Plutôt que de s’absenter après la publication de son splendide et ultime roman Et rien d’autre (L’Olivier, 2014), ou même après celle du premier, Pour la gloire (L’Olivier, 2015), jamais jusqu’alors traduit en français, James Salter, disparu le 19 juin dernier, a quitté ses lecteurs français avec en guise de mot d’adieu le plus inattendu de ses livres. Chaque jour est un festin, un almanach, coécrit avec sa femme Kay et consacré à leur passion commune pour la cuisine… On devra la découverte de cette heureuse curiosité aux éditions de La Martinière déjà éditrices, dans un genre assez proche, du Bacchus et moi de Jay McInerney.
Fonds de tiroir ? Fonds de sauce ? Ni l’un ni l’autre, mais une promenade gourmande, historique et discrètement érudite qui, si elle n’apporte bien entendu rien d’essentiel à la gloire littéraire de Salter, permet tout de même de mieux comprendre combien l’hédonisme fut sans doute sa grande affaire. Il suffit cette fois-ci pour s’en convaincre de lire, au fil des jours donc, et une année durant, les secrets des boulettes de viande de John Irving, comment une bouteille d’Yquem fut ouverte par un couple de leurs amis pour célébrer leur séparation, pourquoi un bon martini dry est un apport essentiel de l’Amérique au monde, comment Charlemagne découvrit le fromage de Brie, les bars préférés de Luis Buñuel, ce qu’il convient de dire, faire, cuisiner en chaque saison et pour chaque compagnie. Car bien entendu, ce guide du savoir-manger est aussi de savoir-vivre. On ne sait ce qui relève de James ou de Kay et peu importe ; les anecdotes abondent comme les plats et les paysages : Aspen, la France, New York… Les livres aussi se taillent la part du lion entre citations et mini-biographies. Un d’entre eux semble tout de même dépasser tous les autres : le guide Michelin. O. M.