Trois presses numériques sur les six prévues fonctionnent et produisent 5000 à 8000 exemplaires par semaine. "L'objectif est d'atteindre quotidiennement 15000 exemplaires, qui pourront être tous différents" explique le patron d'Interforum, insistant sur la "révolution copernicienne" que propose cette solution. Ces ouvrages dont la fabrication est déclenchée par une commande en librairie seront livrés dans les mêmes cartons que les titres en stock, et traités exactement de la même façon en prix et facturation.
10000 exemplaires en plus pour le livre sur le ministère de l'Intérieur.
Copernics pourra répondre aussi à des pics de demande ponctuels et soudains, engendrés par une actualité imprévue, "telle la publicité que François Fillon a faite hier soir pour Bienvenue place Bauveau" a évoqué Eric Lévy. Publié chez Robert Laffont, filiale d'Editis, ce document évoquant les rapports de la police et du pouvoir fait l'objet d'une demande justifiant un retirage de 10 000 exemplaires, depuis qu'il a été cité par le candidat Les Républicains lors de "L'Emission politique" sur France 2, le 23 mars.
Tous les livres des éditeurs du groupe Editis pourront être ainsi fabriqués à Malesherbes, y compris en tirage initial. "Les titres dont le flux annuel sera estimé à moins de 3000 exemplaires seront imprimés sur Copernics" indique le patron d'Interforum, qui prévoit d'ouvrir rapidement ce service aux éditeurs tiers. La qualité de fabrication est maintenant identique à celle de l'impression offset assure-t-il, et les prix sont inférieurs à ceux de l'impression à la demande proposée par des imprimeurs. "Nous entrons dans l'ère du "phygital", qui marie la fabrication de livres papiers à la technologie numérique" ajoute-t-il.
La fin des épuisés
"Une évolution plus importante que celle du livre numérique seul, ce sera spectaculaire: dans quelques années, il n'y aura plus de livres épuisés. Le nombre de titres disponibles devrait doubler" insiste l'éditeur François Gèze, ancien P-DG de La Découverte, qui animait cette conférence présentant d'autres solutions. Amazon a ainsi publiquement présenté son offre d'impression à la demande, que le site propose aux éditeurs français depuis plusieurs années.
"Tous les titres sont ainsi toujours disponibles, et ils sont livrés dans les mêmes conditions que ceux que nous avons en stock. Le taux de remise négocié avec l'éditeur ne change pas, mais il y a coût supplémentaire pour la fabrication du livre. Un ouvrage de texte de 250 pages revient à environ 3,50 euros. C'est aussi une solution pour l'export" a expliqué Anne-Laure Vial, directrice du livre chez Amazon. Pour l'Europe, les volumes sont fabriqués en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Pologne, précise Alexandre Guenier, chargé de la commercialisation de ce service d'impression à la demande en France.
Orséry propose aussi un système d'impression à la demande aux libraires, en installant une presse numérique Ricoh, de nouveau en démonstration sur le salon après une première exposition en 2015. Une première machine est installée dans le magasin Cultura de la Cité des sciences, à Paris. "Un livre est fabriqué en 6 à 7 minutes, nous pouvons reprendre tous les titres de fabrication traditionnelle, y compris des BD, sous couverture souple" insiste Christian Vié, fondateur de l'entreprise. Il doit maintenant convaincre les libraires de tenter ce pari, et les éditeurs de lui confier leurs fonds, pour proposer le plus large choix. Des accords ont été conclu avec La Martinière, premier groupe à l'accompagner, ainsi qu'avec Media Participations, et aussi Editis, en test pour 1500 à 2000 titres du fonds ancien de différents éditeurs du groupe, ajoute-t-il.
ILP, imprimeur numérique à Dakar tout juste lancé en service en janvier dernier, a profité de la conférence pour faire connaître aussi cette solution d'exportation vers l'Afrique. Soutenu par l'Harmattan, cofondateur de la société, ILP est aussi à la recherche d'éditeurs clients.
En France, Hachette Livre propose aussi un système d'impression à la demande et d'expédition depuis ses entrepôts de sa branche distribution à Maurepas, en partenariat avec Lightning Source, filiale du distributeur américain Ingram. Une extension de ce service à l'export est en préparation.