"On était dans la Dernière Grande Etendue sauvage du Royaume-Uni." A savoir un territoire au fin fond de l’Ecosse. C’est dans ce grand froid que Mick Kitson plante le décor de son premier roman. Lui-même a eu plusieurs vies: rockeur, journaliste ou professeur d’anglais, il cultive désormais les choses simples, à l’abri du monde. Ses personnages Sal et Peppa n’ont pas cette chance. Pour éviter de chanceler, elles ont pris la poudre d’escampette. Direction la forêt, où elles restent aux abois. Comme le Petit Chaperon rouge, elles s’y enfoncent pour fuir un loup qui les a déjà en partie dévorées.
On apprend rapidement la froide réalité: "La nuit d’avant j’avais tué Robert et enfermé m’man dans sa chambre", avoue Sal. Au fil des pages, on saisit le pourquoi de son acte. Dans le duo, l’aînée incarne la tête pensante. Peppa pensait que sa sœur "étai[t] la personne la plus intelligente et la plus courageuse du monde". Munie d’un "Guide de survie des forces spéciales", d’infos glanées sur YouTube ou Wikipédia, et d’une carabine, Sal semble tantôt ultra lucide, tantôt perdue.
"Je ne savais pas ce que je ressentais et je ne sais toujours pas ce que je ressens." Pas le temps d’y penser, l’important étant de tenir et de subvenir à ses besoins. La rencontre avec Ingrid, une "sorcière" bienfaisante, s’avère déterminante. Pourquoi cette adulte a-t-elle déserté son pays et la vie contemporaine? Mick Kitson nous offre un hymne aux Highlands. "Je crois qu’il y a une Déesse Mère qui contrôle l’ensemble de la nature et du monde." K. E.