Lancée en 2012, à Nancy, par le biais de la plateforme de financement participatif Ulule, Hiatus est un magazine collaboratif imaginé par Gaëtan Naudet-Celli. A 29 ans, ce touche-à-tout a déjà connu une première aventure éditoriale avec La mouche du coche, une revue fondée avec un ami journaliste. Dans ce projet, lui, passionné par l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle), apporte sa sensibilité littéraire. Cette expérience éclair d’un an lui permet d’apprendre les fondamentaux du journalisme et lui donne l’idée de créer un magazine à double entrée, l’une journalistique, l’autre littéraire. Hiatus est né.
S'informer et s'évader
La revue, bel objet avec un graphisme léché et des illustrations originales, offre un double visage. D’un côté, la partie "Les pieds sur terre" contient des articles d’analyse sur des questions d’actualité ou de société (les réseaux sociaux, la création à l’heure numérique, l’austérité, le mouvement des Indignés…). Avec un slogan : "Marre de trouver les réponses, venez chercher les questions dans Hiatus". De l’autre, "La tête en l’air" propose de s’évader en poésie ou en prose autour de sujets très variés, ainsi que des textes conçus comme autant d’exercices de style produits avec les contraintes oulipiennes.
"C’est ce décalage qui nous intéresse, explique Gaëtan Naudet-Celli, nous sommes une génération qui reçoit beaucoup d’informations mais pour ne pas péter les plombs, nous avons aussi besoin d’avoir un peu la tête en l’air". Une forme hybride qui n’est pas sans rappeler les mooks, mi-livres mi-magazines.
Un envol maîtrisé
Pendant la durée du festival, du 10 au 13 avril, l’équipe fabrique un numéro spécial en direct qui est pensé, rédigé, illustré, et imprimé au festival avant d’être distribué à la criée dimanche matin. L’occasion pour eux de faire connaître l’association, qui compte une soixantaine de membres, et la revue. Diffusée par R-Diffusion, un distributeur indépendant basé à Strasbourg, le journal gagne en notoriété. Le Centre Pompidou de Paris en a d’ailleurs commandé plusieurs exemplaires, tous vendus. Et si le tirage reste modeste pour l’instant (1000 exemplaires par numéro), Hiatus commence à faire des vagues.
Pour accompagner le décollage de la structure, Gaëtan Naudet-Celli est devenu le premier et unique salarié de l’association grâce à un contrat aidé. Depuis, Hiatus prend de l’ampleur en multipliant ses activités : ateliers d’écriture et de dessins, animation d’une émission de radio mensuelle sur Aligre FM, participations à de nombreuses manifestations. Mais la jeune équipe reste pragmatique : "Nous avons besoin de pérenniser notre modèle économique. Nous nous sommes développés à toute allure mais maintenant il s‘agit de trouver notre rythme et de le tenir ".