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Hiatus : la revue qui a les pieds sur terre et la tête en l’air

Souen Léger

Hiatus : la revue qui a les pieds sur terre et la tête en l’air

Alliant création littéraire et analyse du monde contemporain, la revue Hiatus revient pour la deuxième fois au festival de Metz. Du 10 au 13 avril, pendant toute la durée de la manifestation, la jeune équipe créé un hors-série en direct. L’occasion de les rencontrer et d'évoquer ce projet hybride.

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Par Souen Léger, metz
Créé le 12.04.2014 à 21h40 ,
Mis à jour le 13.04.2014 à 15h18

Loin de l’agitation de la Grande Librairie qui occupe la place de la République à Metz pendant le festival Littérature & Journalisme, un petit chapiteau attire les passants. A l’entrée, certains se livrent au jeu des "correspondances hasardeuses", en postant une carte postale à un inconnu avant d’en tirer une en retour, quand d’autres reconstituent une carte à l’aide de petits bouts de papier à coller selon sa convenance sur une planche en bois. Ce stand ludique est celui de Hiatus, une maison d’édition collaborative qui publie la revue du même nom.

Lancée en 2012, à Nancy, par le biais de la plateforme de financement participatif Ulule, Hiatus est un magazine collaboratif imaginé par Gaëtan Naudet-Celli. A 29 ans, ce touche-à-tout a déjà connu une première aventure éditoriale avec La mouche du coche, une revue fondée avec un ami journaliste. Dans ce projet, lui, passionné par l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle), apporte sa sensibilité littéraire. Cette expérience éclair d’un an lui permet d’apprendre les fondamentaux du journalisme et lui donne l’idée de créer un magazine à double entrée, l’une journalistique, l’autre littéraire. Hiatus est né.

S'informer et s'évader

La revue, bel objet avec un graphisme léché et des illustrations originales, offre un double visage. D’un côté, la partie "Les pieds sur terre" contient des articles d’analyse sur des questions d’actualité ou de société (les réseaux sociaux, la création à l’heure numérique, l’austérité, le mouvement des Indignés…). Avec un slogan : "Marre de trouver les réponses, venez chercher les questions dans Hiatus". De l’autre, "La tête en l’air" propose de s’évader en poésie ou en prose autour de sujets très variés, ainsi que des textes conçus comme autant d’exercices de style produits avec les contraintes oulipiennes.

"C’est ce décalage qui nous intéresse, explique Gaëtan Naudet-Celli, nous sommes une génération qui reçoit beaucoup d’informations mais pour ne pas péter les plombs, nous avons aussi besoin d’avoir un peu la tête en l’air". Une forme hybride qui n’est pas sans rappeler les mooks, mi-livres mi-magazines.

Un envol maîtrisé

Pendant la durée du festival, du 10 au 13 avril, l’équipe fabrique un numéro spécial en direct qui est pensé, rédigé, illustré, et imprimé au festival avant d’être distribué à la criée dimanche matin. L’occasion pour eux de faire connaître l’association, qui compte une soixantaine de membres, et la revue. Diffusée par R-Diffusion, un distributeur indépendant basé à Strasbourg, le journal  gagne en notoriété. Le Centre Pompidou de Paris en a d’ailleurs commandé plusieurs exemplaires, tous vendus. Et si le tirage reste modeste pour l’instant (1000 exemplaires par numéro), Hiatus commence à faire des vagues.

Pour accompagner le décollage de la structure, Gaëtan Naudet-Celli est devenu le premier et unique salarié de l’association grâce à un contrat aidé. Depuis, Hiatus prend de l’ampleur en multipliant ses activités : ateliers d’écriture et de dessins, animation d’une émission de radio mensuelle sur Aligre FM, participations à de nombreuses manifestations. Mais la jeune équipe reste pragmatique : "Nous avons besoin de pérenniser notre modèle économique. Nous nous sommes développés à toute allure mais maintenant il s‘agit de trouver notre rythme et de le tenir ".

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