6 février > Roman Canada

C’est trop beau pour être vrai, donc ça l’est. Tout. Deux guerres, un siècle qui passe, une famille qui survit à tout cela et se promène d’un côté à l’autre de l’Amérique, la naissance d’un empire et le destin d’un père fondateur. Tout cela, cette histoire de bruit et de fureur, est vrai.

Peter Behrens- Photo RYAN GOODRICH/PHILIPPE REY

Voici quinze ans, le romancier canadien installé aux Etats-Unis, Peter Behrens, a entrepris d’écrire l’histoire de sa famille. Après un détour du côté de ses ancêtres qui a donné lieu à un premier livre, très beau, La loi des rêves (Christian Bourgois, 2008), il est revenu à son projet original en choisissant «d’amarrer » son récit à la vie de son grand-père, Joe, disparu lorsqu’il avait 17 ans (il en a aujourd’hui 60). C’est ainsi que nous parvient enfin à l’enseigne de Philippe Rey cette vaste fresque familiale courant de 1887 jusqu’à l’aube des années 1960, Les O’Brien.

Il était donc une fois, au fin fond de la province québécoise du Pontiac, les O’Brien, une famille pauvre, bientôt décimée par la mort du père puis de la mère. Le fils aîné, Joe, ayant déjà montré pour la libre entreprise de belles dispositions, prend avec ses frères et sœurs la route de l’exil. Les filles iront au couvent, un garçon au séminaire, un autre en Californie où Joe, quelques années plus tard, fait la connaissance de l’insolente et indépendante Iseult Wilkins, qu’il épouse. Les enfants grandissent, puis les petits-enfants, certains meurent à la guerre, tous tournent à leur corps défendant autour de cet astre noir et mystérieux que demeurera toujours Joe.

Porteur d’une belle ambition, de facture joliment classique, Les O’Brien (dont les meilleures pages peuvent lorgner du côté de John Irving ou du Mordecai Richler de Gursky) nous ressert le plat traditionnel du «big american novel ». Après tout, c’est dans les vieux pots…

Olivier Mony

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