Le Festival international de la BD d’Angoulême a révélé, mercredi 15 janvier, les noms des trois auteurs en lice pour remporter le Grand prix de la ville d’Angoulême, une des plus hautes distinctions pour un auteur de bande dessinée. Emmanuel Guibert, Chris Ware ou Catherine Meurisse sera distingué pour l’ensemble de son œuvre le 29 janvier prochain, à l’occasion de l’ouverture du festival. Il s'agit de la troisième nomination consécutive pour les deux hommes, déjà en lice en 2018 et 2019. Le lauréat succédera à la mangaka Rumiko Takahashi (Ranma ½, Maison Ikkoku).
Né à Paris, Emmanuel Guibert fait ses débuts avec Brune (Albin Michel, 1992), une fresque sur la montée du nazisme qui lui a pris sept ans de travail. Le style de sa première bande dessinée, extrêmement réaliste, jure avec le reste de son œuvre au trait plus léger, comme dans La guerre d’Alan, une série inspirée des souvenirs de son ami Alan Ingram Cope publiée entre 2000 et 2008 chez l’Association et saluée par la critique. Il renouvelle ensuite l’expérience de la fiction biographique avec Le photographe (Dupuis, 2003-2006), plusieurs fois récompensée, puis collabore régulièrement avec Joann Sfar (Les olives noires et La fille du professeur, chez Dupuis). En 2017, il a remporté le prix René-Goscinny.
Chris Ware est né à Omaha, aux Etats-Unis. D’abord publié dans la revue RAW, il commence véritablement à façonner son univers au début des années 1990 avec le début de la publication de sa série Acme Novelty, une "vraie-fausse revue à la forme et à la pagination changeante" qui deviendra sa principale occupation. Les ouvrages de Chris Ware se distinguent par leur générosité et par le soin apporté au dessin et à la mise en scène. Chacun de ses titres suscite les louanges de la critique et de ses pairs, qui lui ont attribué 28 Harvey Awards et 22 Eisner Awards. Il avait également reçu en 2015 le prix spécial du jury du FIBD pour Building stories (Delcourt, 2014), bien qu’une bonne partie de son œuvre reste inédite en France.
Diplomée des Arts Déco, Catherine Meurisse débute sa carrière à Charlie Hebdo en 2005, où elle s’initie à la bande dessinée d’humour. Elle développe un univers singulier inspiré de l’histoire de l’art et de la littérature française, qu’elle étoffe dans plusieurs albums, Mes hommes de lettres, Le pont des Arts ou encore Moderne Olympia. Après l’attentat du 7 janvier 2015 au siège de l'hebdomadaire satirique, Meurisse commence à esquisser une œuvre plus introspective, dans laquelle elle se met en scène pour mieux se reconstruire, sans jamais abandonner l’humour. Son récit autobiographique, Les grands espaces, est le lieu d’une recomposition personnelle et de la mise à plat de son rapport au monde et au beau.