3 octobre Récit France

Les livres de Brina Svit sont toujours surprenants et réjouissants, même quand ils évoquent des choses tristes. Dans son nouvel opus, l’auteure d’Un cœur de trop (Gallimard, 2006, repris en Folio) et de Coco Dias ou La porte dorée (2007, repris en Folio) a eu envie de parler de l’identité. Celle qui se transmet « par la langue, qui a son histoire, sa mémoire. Celle qu’on met en récit et s’inscrit sur notre visage ».

Le présent et atypique volume de Brina Svit est né de plusieurs événements. De la mort de sa mère à l’hôpital de Ljubljana. De son besoin d’acheter un bon appareil photo et de sa rencontre à la Fnac avec un homme élégant et désœuvré qui propose illico de lui en offrir un ! La voici également partie à Buenos Aires sur les traces de « Gombro », l’écrivain Witold Gombrowicz. Un aristocrate et dandy débarqué là-bas, après avoir déserté l’armée et son pays, un 22 août 1939 à l’âge de 35 ans. Avec son beau costume en lin, son chapeau blanc et sa montre en or.

Sur place, la Slovène qui écrit en français a fait bon nombre de rencontres. Sur sa route, il y a d’abord Rok Fink, un chauffeur de taxi qui chante dans les églises et pour les mariages. Il étudie pour devenir psychologue. « Ambassadeur de l’ombre » des Slovènes de Buenos, Rok lui fait visiter une ville où elle est venue avec l’intention de danser le tango. En chemin, Brina Svit nous en apprend plus sur les Slovènes. Un peuple divisé en deux camps, « libéral d’un côté, conservateur et clérical de l’autre ».

La voyageuse se déplace dans un colectivo vert et blanc. Elle s’enfonce dans les quartiers perdus, visite les banlieues reculées, prend langue avec les hommes et les femmes qu’elle croise, retrouve des lieux fréquentés avant elle par l’auteur de Ferdydurke. Visage slovène, on l’a compris, est assez inclassable. Selon Brina Svit, il s’agit d’« un portrait de groupe avec Gombro, ou vice versa, un texte assez indéfinissable comme genre, un texte en mouvement qui raconte des histoires d’exilés et réfléchit sur leur identité ». Le résultat mérite le détour. AL. F.

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