À l'occasion de la journée internationale de la francophonie, Emmanuel Macron a dévoilé sa stratégie pour la promotion du français dans le monde, mardi 20 mars à l'Institut de France devant les membres de l'Académie française et 300 jeunes. Dans un discours chargé de références littéraires, Emmanuel Macron a annoncé
une trentaine de mesures réparties en trois axes: l'apprentissage de la langue française, l'échange et la communication et, enfin, la création en français.
Des Etats généraux de l'édition en français
Parmi ces mesures, certaines concernent directement le secteur du livre. Estimant qu'il "
subsiste trop de problèmes de prix du livre et de droits pour accéder aux livres en français", le chef de l'Etat a annoncé la création, au festival Etonnants Voyageurs organisé à Saint-Malo du 19 au 21 mai, des
Etats généraux de l'édition en français. L'objectif: "
Favoriser les cessions de droits du français vers le français" et "
ouvrir le marché de l'édition aux littératures en français dans toutes leurs pluralités."
En souhaitant faire du français "
une langue majeure d'échange, de communication", Emmanuel Macron compte notamment sur le "
rôle essentiel" des
traducteurs. Il faut, selon lui, "
accompagner les éditeurs [pour] accroître les traductions dans un sens comme dans l'autre".
Le rôle des bibliothèques
Après avoir rappelé les mesures prises par son gouvernement en matière d'éducation, le chef de l'Etat a aussi souligné le rôle des
bibliothèques dans l'apprentissage du français. En ce sens, il compte suivre "
scrupuleusement" les
19 recommandations émises par Erik Orsenna dans son rapport présenté le 20 février. "
L'ouverture des bibliothèques, c'est un combat pour l'émancipation", a-t-il martelé.
Afin de promouvoir la langue française dans le monde, le chef de l'Etat s'appuie sur l'
Institut français dont "
le rôle d'opérateur de la diffusion du français" sera renforcé, et sur les
Alliances françaises pour lesquels il envisage "
dix ouvertures par an à partir de 2019" alors que le réseau traverse une crise profonde aussi bien financière que structurelle.
"Françafrique"
Avant même la présentation de la stratégie pour la francophonie d'Emmanuel Macron, des écrivains ont fait part, auprès de l'AFP, de leur crainte qu'il ne soit qu'un nouvel instrument au service de la "Françafrique".
Alors que l'ambition du président de la République est de se distancer de l'ère coloniale, l'écrivain franco-djiboutien Abdourahman A. Waberi, dont le recueil de trois nouvelles afrofuturistes
Nous habitons à sept minutes du Soleil paraîtra le 24 mai chez Paulsen, estime que "
s'il s'était effectivement départi du passé colonial, il aurait consulté, écouté et dialogué davantage. Cette vision unilatérale, jupitérienne peut-être, ne trouvera aucun écho favorable à Dakar comme à Djibouti, à Casa comme à Kinshasa".
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
"
La Francophonie demeure la continuation de la politique étrangère française, l'espace de prédilection de l'ingérence de la France dans les politiques de ses anciennes colonies", déclare le franco-congolais Alain Mabanckou, qui a refusé
en janvier une invitation de Macron à participer aux travaux engagés autour de la francophonie aux côtés de
Leïla Slimani. Le lauréat du Renaudot 2006 pour
Mémoires de porc-épic (Seuil) affirme qu'"
une refonte totale de la francophonie institutionnelle est inéluctable".
Des critiques qu'Emmanuel Macron a évoquées en ouverture et en conclusion de son allocution. "
La mission de la francophonie ne se soumet pas au cadre cartésien de la politique", a-t-il affirmé.