Francis Jeanson ne fera plus dissidence

Francis Jeanson

Francis Jeanson ne fera plus dissidence

Le philosophe, militant activiste, et écrivain nous a quittés samedi à l'âge de 87 ans.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 22h43

Le philosophe Francis Jeanson, fondateur d'un réseau de soutien au FLN pendant la guerre d'Algérie (réseau dit des "porteurs de valise"), est mort à 87 ans, samedi 1er août près de Bordeaux.Il se voulait le défenseur des causes justes et s'était engagé aux côtés des combattants algériens après le déclenchement de la guerre d'Algérie, créant un réseau permettant de collecter et transporter fonds et faux-papiers pour les militants du FLN opérant en France.

Francis Jeanson est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont plusieurs consacrés à Jean-Paul Sartre, notamment Sartre par lui même (1955) et Le problème moral et la pensée de Sartre (1966, Le Seuil)... mais aussi à des philosophes comme Montaigne (1994, Le Seuil). On lui doit également La Foi d'un incroyant (1976, Le Seuil), Eloge de la psychiatrie (1979, Le Seuil), Algéries (1991), Conversations privées 1974-1999 (2000, éd. Le bord de l'eau). Les éditions du bord de l'eau ont publié plus tôt cette année Cultures... & non-public et Quel sujet ? Pour quelle foi ?

Né le 7 juillet 1922 à Bordeaux, licencié de lettres et diplômé d'études supérieures de philosophie, Francis Jeanson rejoint en 1943 les Forces françaises d'Afrique du Nord. Devenu reporter à Alger républicain en 1945, il rencontre Camus et Sartre. Ce dernier lui confie la gérance de la revue Les Temps modernes (1951-1956). Parallèlement, Jeanson crée et dirige aux éditions du Seuil la collection "Ecrivains de toujours".

En 1955, il publie L'Algérie hors la loi, qui dénonce l'échec du système d'intégration des masses algériennes et affirme la légitimité des hors-la-loi du FLN, avec lequel il prendra contact. Du militantisme de la pensée, il passe à l'action et crée deux ans plus tard le "réseau Jeanson" qui sera démantelé en 1960. Il entre alors dans la clandestinité, quittant la France pendant quelques années. Jugé par contumace, condamné en octobre 1960 à dix ans de prison ferme au terme du procès de son réseau, il est amnistié en 1966. La découverte avait édité Le procès du réseau Jeanson en 2002. Autre biographie sur cette figure activiste : Marie-Pierre Ulloa avait rédigé Francis Jeanson : un intellectuel en dissidence en 2001 chez Berg International.

Après cela, il se tourne alors vers l'action culturelle, puis l'action sociale en milieu psychiatrique. Il est chargé par André Malraux de diriger la Maison de la culture de Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire) de 1967 à 1971. Puis il participe ensuite à des expériences de psychiatrie ouverte et des réseaux de réflexion pour faire sortir la maladie mentale des murs de l'hôpital.

Engagé jusqu'au bout, il est président de l'Association Sarajevo en 1992 et candidat sur la liste "L'Europe commence à Sarajevo" du professeur Léon Schwartzenberg pour les élections européennes de 1994.

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