Lancé en mai 2015 à Paris avec quatre entreprises (1), le service de remplacement en librairie a atteint son objectif dès la fin de l’année. Dix structures font désormais appel en cas de besoin aux services de la "libraire volante", Corinne Bazin, qui intervient en moyenne 14 jours par mois dans les différents magasins. "Les libraires ont tout intérêt à soutenir et à utiliser cette expérience innovante d’économie partagée, afin notamment de la développer", observe Yves Martin, propriétaire des Buveurs d’encre (19e), qui a rejoint le programme en toute fin d’année. Employant déjà trois salariés, le libraire y voit avant tout une "sécurité pouvant pallier une absence ou une démission".
Conçu pour effectuer du remplacement poste à poste ou intervenir en appui ponctuel, le service a toutefois permis avant tout aux libraires de s’octroyer du temps personnel. Père pour la seconde fois, Thomas Gayral, qui tient seul La Cédille (15e), a pu disposer plus fréquemment de quelques jours sans fermer boutique. Magali Garnero a confié à Corinne Bazin sa librairie du 11e arrondissement, A Livr’ouvert, 15 jours en juillet. "Je suis une nounou qui vient garder le bébé", remarque la libraire volante. Mais une "nounou" expérimentée, qui apporte "une aide réelle bien différente de celle que peut nous fournir une étudiante ou un proche, avec lequel nous bricolons", précise Magali Garnero. Seul bémol, il aura fallu former Corinne Bazin sur le terrain aux différents logiciels de gestion des librairies, un point faible désormais corrigé.
Fort de son succès, le service de remplacement, coordonné par la Maison de l’emploi de Paris sous la houlette de Nathalie Roux, a pour objectif de doubler son effectif de libraires adhérents en 2016 et de gagner de la souplesse afin d’éviter au maximum les conflits de calendrier. Une seconde libraire volante est donc en cours de recrutement. "Nous devons également consolider le modèle économique et juridique du programme et commencer à évaluer son impact sur la vie des libraires et de leur magasin", complète Nathalie Roux, qui souhaite aussi définir les conditions de réussite de son essaimage à d’autres territoires, voire à d’autres secteurs économiques.
Cécile Charonnat
(1) LH 1048 du 26.6.2015, p. 52.