22 octobre > BD France

Phil Spector et Brian Wilson, les Beatles et les Rolling Stones, l’ombre de Frank Zappa, les fantômes de The Mamas & The Papas et les ailes de Jim Morrison… Sous le signe d’Elvis, dont la chanson Treat me nice donne son titre à la "face A" de sa nouvelle œuvre - la face B est pour plus tard -, Nine Antico revisite la bande-son des années 1960 en s’attachant à un personnage de groupie. Bouclette, qui doit son surnom à la réaction à la pluie de sa blonde chevelure, lui a été inspirée par Pamela Des Barres, groupie célèbre, ex-membre des GTO’s produits par Zappa, que l’auteure a rencontrée au fil d’un gros travail de documentation. Avec cette jeune fille et fan en fleurs qui, dans la Californie effervescente du début des années 1960, va passer de l’autre côté du papier glacé pour accompagner ses idoles jusqu’au plus intime, on entre dans les coulisses pas si roses des grands groupes de l’âge héroïque du rock and roll. On touche la vérité de l’époque encore imprégnée des fantasmes de la décennie précédente sur les soucoupes volantes, entre surf sur les rivages du Pacifique, poupées Barbie (elle est née en 1959) et émeutes raciales (août 1965 à South Los Angeles, dans le quartier de Watts).

Passionnée et rêveuse, souvent indéterminée, se laissant porter par les événements, Bouclette reste néanmoins toujours lucide dans un univers qui se révèle d’une mélancolie croissante. Et avec elle, Nine Antico poursuit son exploration des mystères de l’adolescence, comme dans l’autobiographique Le goût du paradis (réédité aux Requins marteaux), le magistral Coney island baby (L’Association), les saynètes bien senties de Girls don’t cry et de Tonight (Glénat) ou le très érotique I love Alice (Les Requins marteaux). Elle épluche couche par couche le processus d’intégration, entre fascination et désenchantement, des jeunes filles dans la vie adulte.

Fabrice Piault

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