Les Français ont passé, au plus fort du confinement en avril 2020, jusqu'à trois heures par jour sur Internet, dont 62 % se sont connectés via leur smartphone.
Cette étude, menée en décembre dernier par Médiamétrie, souligne aussi que 29,9 millions d'entre eux se connectent tous les jours aux réseaux sociaux depuis leur téléphone. Pour les librairies, à l'instar de l'ensemble des entreprises, être présent sur la Toile devient donc un impératif. « Le mobile représente un accès 24h/24, 7j/7 dans la main des gens. Être présent dans le portable des clients est devenu une obligation pour faire de l'e-commerce ainsi qu'une communication ciblée », assure Guillaume Gaudefroy, responsable de la communication digitale de la Librairie Martelle (Amiens). Sans compter que l'économie des réseaux permet de lancer des campagnes de communication à prix réduit. Entre 100 et 200 euros pour booster des publications sur Facebook ou Instagram, à en croire Guillaume Gaudefroy pour qui « la communication traditionnelle ne doit pas pour autant être mise de côté ».
Visibilité
À Saint-Etienne, la Librairie de Paris a embauché une apprentie en alternance dédiée à la communication de l'établissement. « Nous avons un besoin, vu la taille de notre librairie et notre offre, d'avoir une personne qui construise, structure et professionnalise notre stratégie de communication, estime Rémi Boute, cogérant de la librairie. Les réseaux sociaux sont le moyen le plus rapide de communiquer et de diffuser une information. Ils nous permettent de toucher directement toute personne qui a un smartphone ». Et notamment les jeunes générations. « Si nous voulons avoir de la visibilité auprès des jeunes adultes et des adolescents, il faut aller les chercher sur leurs réseaux et communiquer comme ils ont envie qu'on communique avec eux », assure le libraire qui vient d'ailleurs de lancer une chaîne Tik Tok dédiée principalement aux lecteurs de manga et de young adult.
Cette visibilité auprès du grand public peut dépasser les frontières locales. « L'été, nous recevons des touristes venant par exemple de Guadeloupe parce qu'ils suivent notre librairie sur les réseaux sociaux, assure Solveig Touzé, cofondatrice avec Ayla Saura de La Nuit des Temps (Rennes). Nous sommes certes sur les réseaux pour vendre nos livres mais aussi pour partager nos coups de cœur. Une lectrice vivant à Marseille suit notre librairie et nous a confié acheter nos coups de cœur auprès d'une librairie marseillaise ».
Charge de travail
Pour autant, si la présence des libraires est indispensable sur la Toile, les publications commerciales ne sont pas forcément celles qui emportent le plus d'adhésion de la part des internautes. « La plupart des publications qui marchent bien sont celles où nous ne cherchons pas à vendre nos livres mais celles où nous jouons avec l'image de la librairie, où nous montrons la vie de l'entreprise et de ses salariés », confirme Guillaume Gaudefroy. On ne présente par exemple plus les bookface de la librairie Mollat qui provoquent le buzz sur Instagram depuis 2013 et permettent à l'enseigne d'être suivie par plus de 94 900 personnes !
Reste encore que l'animation des réseaux sociaux représente une charge de travail supplémentaire pour les libraires. Solveig Touzé et Ayla Saura, qui animent elles-mêmes leur communauté, passent en moyenne « trois à quatre heures par semaine » à programmer leurs posts. « Seules quelques grandes enseignes ont les moyens d'avoir une personne dédiée aux réseaux sociaux et à la communication digitale, reconnaît Guillaume Gaudefroy. Les libraires ont souvent peur de ne pas avoir le temps de s'en occuper mais les réseaux sociaux sont simples à prendre en main et il n'y a pas besoin de beaucoup de matériel pour animer une communauté ».