Un village perdu parmi "les champs de soja et les ruisseaux entrelacés sur la terre sèche". C’est ce décor, retiré du monde, qu’Amanda a choisi comme lieu de vacances. Accompagnée de sa fille Nina, elle désire lui offrir le dépaysement absolu. Le résultat sera au-delà de ses espérances. L’intrigante Carla l’entraîne vers la voie du mystère qui la relie à son propre enfant, David, un garçon visiblement perturbé. Pourquoi souffre-t-il de troubles depuis l’âge de 6 ans ? "C’était mon fils. Plus maintenant. Voilà donc mon nouveau David. Ce monstre. Il ne m’appartient plus." Ses confidences étranges poussent Amanda à en savoir plus. De quoi souffre vraiment le garçon ? Pourquoi sa mère affirme-t-elle que la sorcellerie a sauvé son petit d’un grand danger, en forçant son esprit à migrer vers un corps étranger ? Enrique Vila-Matas ne tarit pas d’éloges sur l’auteure argentine Samanta Schweblin. "Elle ne voit pas la folie comme une perturbation, peut-être parce qu’elle trouve le plus sensé dans l’anormal." Encore faut-il le deviner. Le roman le distille avec parcimonie, en installant un climat d’angoisse grandissant. "C’est un rêve, un cauchemar." Dans ce Rosemary’s baby, version sud-américaine, les voix alternent à un tel rythme, qu’on ne sait plus où se situe la réalité. Hypnotisé, le lecteur se laisse choir dans cette histoire de poison lent et rongeant, qui semble s’attaquer aux enfants. Et si c’était tout simplement une métaphore de l’éternelle angoisse maternelle ? Kerenn Elkaïm