Livres Hebdo : Quelle est la situation de la bibliothèque Jacques Doucet depuis sa fermeture ?
Fabien Oppermann : Suites aux événements tragiques qui ont mis en péril l’existence et l’intégrité des fonds de la bibliothèque Jacques-Doucet, l’inspection générale a mené une mission et a remis un rapport en début d’année à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau. Parmi les recommandations : lancer une phase de transition qui permettrait de rouvrir nos portes, je l’espère, au mois de mai. Mais dans un premier temps en service dégradé, sur rendez-vous par exemple.
Que va devenir l’équipe en place ?
Elle est aujourd’hui en autorisation spéciale d’absence et va être accompagnée vers une mobilité. Les huit membres du personnel sont dans l’impossibilité de travailler à nouveau ensemble, impossibilité renforcée par le suicide de la directrice adjointe mise en cause. L’enquête policière est toujours en cours.
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Quels sont les objectifs de l’administration provisoire ?
Rendre cette bibliothèque à leurs usagers et renouer la confiance de nos partenaires et ayants-droits des écrivains qui ont légué leurs œuvres à la bibliothèque. Les collections ont été malmenées et certaines n’ont pas été inventoriées en détail. Il faut aujourd’hui assurer leur préservation, inventorier l’ensemble de nos trésors pour voir lesquels peuvent manquer. Le cas échéant, nous devrons assurer le suivi de toutes les actions judiciaires, dont certaines sont déjà en cours.
La bibliothèque va-t-elle déménager ?
Dans les conditions actuelles, le circuit de traitement des archives ne peut être respecté car nos locaux ne sont pas adaptés à la conservation et au traitement des archives. Nous devons réorganiser le tout et sécuriser les locaux. Il faudra certainement déménager dans un lieu qui sera conforme, et idéalement se concentrer en un lieu unique — la collection est aujourd’hui éclatée sur quatre sites. Sa forme dépendra du projet d’établissement que nous avons à définir, pour mieux valoriser ce fonds extraordinaire, auprès de publics qu’il faut également définir. Il faut sortir la bibliothèque Jacques Doucet de son isolement, faire jouer sa complémentarité avec la Bnf, l’INHA, la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne… Mais le projet immobilier est intrinsèquement lié au projet scientifique. Dans tous les cas, les dispositions testamentaires de Jacques Doucet et des donateurs qui l’ont suivi seront respectés.
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