Avec "Exprim'", Sarbacane créait en 2006 une collection de fiction pour adolescents qui ne ressemblait pas à une collection de fiction pour adolescents. Son directeur, Tibo Bérard, tire le bilan dix ans après.
Quel était le projet initial ?
Avec Frédéric Lavabre, fondateur de Sarbacane, nous voulions une fiction percutante, qui sonne comme le rap ou le slam que les adolescents écoutaient. "Exprim'" était axée sur le plaisir pur du style, avec des jeux verbaux, des textes slamés, des choses spectaculaires, offrant de nouvelles voix comme celles d’Insa Sané, Anne Mulpas, Lucie Land et Martine Pouchain. Dix ans et une centaine de titres plus tard, elle attire toujours les lecteurs car ils savent qu’elle va les surprendre.
Comment cette collection modeste à ses débuts a-t-elle fini par compter ?
Le tournant a eu lieu en 2012 : La drôle de vie de Bibow Bradley d’Axl Cendres a reçu la Pépite du roman à Montreuil, et Le monde de Charlie de Stephen Chbosky, notre seule traduction, a été adapté au cinéma et s’est vendu à 45 000 exemplaires. Surtout, nous avons vécu une année 2015 incroyable avec quatre best-sellers : Les petites reines de Clémentine Beauvais (20 000 ventes en un an), Dysfonctionnelle d’Axl Cendres, Quelqu’un qu’on aime de Séverine Vidal et Dans le dé-sordre de Marion Brunet. Nous avons aussi signé des contrats avec l’audiovisuel. Les géants de Benoît Minville et Les petites reines seront adaptés au cinéma. Dysfonctionnelle fera l’objet d’une série télévisée.
Le projet initial a aussi
évolué.
La collection est née avec des auteurs hommes qui parlaient aux mecs. Cinq ans plus tard, des auteures femmes nous ont permis de conquérir un lectorat féminin. Les textes sont peut-être aussi plus accessibles, mais ils touchent jusqu’à 25-26 ans des lecteurs qui ne se retrouvent pas dans la littérature adulte.
Comment fêtez-vous les 10 ans ?
Nous allons encore surprendre cet automne. Clémentine Beauvais fait sa rentrée littéraire fin août avec Songe à la douceur, un vrai ovni, un roman en vers en hommage à Pouchkine. En octobre, l’auteur de polars Benoît Minville proposera une comédie, Les belles vies, une histoire d’adolescents de banlieue en immersion dans la Nièvre. Vincent Villeminot arrive en novembre avec Samedi 14 novembre dans lequel il revient sur les attentats qui l’ont marqué.
Claude Combet
