Toujours aussi boulimique, l'équipe organisatrice avait programmé près de 300 rencontres et invité 250 auteurs, artistes, cinéastes dont Russell Banks, Jonathan Coe, Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Jérôme Ferrari, Lieve Joris, Pascal Blanchard, Mona Ozouf... Malgré l'ouverture de trois salles supplémentaires dans la nouvelle médiathèque de la ville La grande passerelle, la plupart des rencontres affichaient complet et ont été suivies de nombreux achats de la part du public.
Le salon du livre en face du Palais du Grand Large qui réunissait l'ensemble des stands tenus par des libraires, a en effet fait le plein. La file d'attente pour obtenir une dédicace d'Anthony Doerr, prix Pulitzer 2015 qui a mis la cité corsaire au cœur de son dernier roman, n’a pas diminué tout au long de la manifestation. 1000 exemplaires de Toute la lumière que nous ne pouvons voir ont été vendus par la librairie Au vent des mots (Lorient), en charge du stand Albin Michel ainsi que 350 volumes du Fils de Philipp Meyer, paru en septembre 2014 mais couronné du prix littérature-monde lors du festival. Le chiffre d’affaire du Vent des mots a progressé de 30 % à un an d’intervalle.
Retours positifs des libraires
Sur l’ensemble des stands, les retours sont positifs. Pierre Gros-Velot, qui dirige la librairie Le Grenier, à Dinan, note pour la jeunesse une "très très bonne année", louant l'initiative des organisateurs de permettre un accès gratuit au salon tous les soirs de 18h à 20h. "La journée de dimanche a été exceptionnelle, jusqu'à la fermeture, et pour nous libraires, c'est un plaisir de retrouver les auteurs, dans de découvrir de nouveaux, et d'échanger avec des lecteurs enthousiastes", ajoute Pierre Gros-Velot.
Marie Boisgontier (M’lire, Laval) fait aussi un "très bon salon grâce à des tables de dédicaces extras" notamment Russell Banks, Alaa el Aswany, Jérôme Ferrari ou Sylvain Coher lauréat du prix Ouest-France Etonnants voyageurs. Même enthousiasme à la Droguerie marine, qui gérait les ventes des livres édités par Stock, Hoëbeke, Paulsen, Fayard ou Le Masque. "C'est une édition exceptionnelle, se réjouit Loïc Josse. Nous avions des têtes d'affiche comme Paolo Rumiz, Isabelle Autissier et Jean-Louis Etienne, tous en rupture dès le deuxième jour. De bonnes ventes donc et une ambiance du feu de Dieu!". Chez Le Failler, Dominique Fredj vente la qualité du public car "ce festival attire des lecteurs passionnés, qui ont assisté à des débats, connaissent le travail des auteurs, leur posent des questions comme à Fouad Laroui, qui a énormément signé." Un sentiment que partage Romain Allaire, chez la lettre Thé, librairie qui a ouvert il y a trois ans à Morlaix et participait pour la première fois à Etonnants Voyageurs en gérant le stand de l’Union des éditeurs de voyage indépendants. Pour lui la programmation a bien porté les ventes.
Tout comme les prix. En effet, sept prix littéraires ont été remis lors de ce festival, récompensant Simone Schwartz-Bart, L’ancêtre en solitude (Seuil), Philipp Meyer, Le fils (Albin Michel), Eric Vuillard, Tristesse de la terre (Actes Sud), Paolo Rumiz, Le phare : voyage immobile (Hoëbeke), Sylvain Coher, Nord-nord-ouest (Actes Sud),Valérie Rouzeau pour son œuvre poétique, Nicolas Cavaillès, Pourquoi le saut des baleines ? (Le Sonneur), et Christophe Lambert, Aucun homme n’est une île (J’ai lu).
Une matinée pour se souvenir
Lundi, une matinée a été organisée autour de l’anniversaire pour permettre aux festivaliers de se plonger dans les souvenirs de 25 éditions avec Franketienne, Arthur H., Eliane Bouvier, Gilles Lapouge, Patrick Raynal, Boualem Sansal, Ananda Devi, Lieve Joris, Hubert Haddad, Yvon Le Men de cette aventure humaine et intellectuelle, qualifiée par J.M.G. Le Clézio dans l’album anniversaire paru chez Hoëbeke de "plus belle rencontre littéraire de notre temps".
Le fondateur d’Etonnants voyageurs Michel Le Bris, qui court d’un débat à l’autre tout le long du festival, fini cette édition "un peu sonné" mais "heureux de retrouver cette famille" : "j’ai fondé ce festival à partir des idées que j’avais de la littérature mais je réalise aujourd’hui à quel point il s’agit d’une création collective, qui s’enrichit de la pensée de tous ceux qui ont participé." En guise de bilan, il constate "le retour de la fiction dans des champs dont elle avait été expulsée et la réaffirmation de l’être humain dans sa capacité à transcender ce qui le détermine".
Si le budget de cette édition a été difficile à boucler, face à raréfaction de l’argent public, les organisateurs ont trouvé de nouveaux partenaires privés dont François Pinault. Michel Le Bris a essayé de sensibiliser par ailleurs les trois ministres qui sont passés au festival, Annick Girardin, secrétaire d’Etat à la Francophonie, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur et Christiane Taubira, la Garde des Sceaux, à la necessité de soutenir ce festival ainsi que ses délocalisations.
Il espère bien pouvoir remonter une édition en Haïti ou au Mali. Une chose est sûre, la prochaine édition de Saint-Malo Étonnants Voyageurs se déroulera du 14 au 16 mai 2016.