Le centenaire de la naissance du grand Lawrence Durrell (1912-1990) est l'occasion d'une solide salve de parutions. Phébus reprend en "Libretto" ses Citrons acides, tandis que Buchet-Chastel propose une nouvelle édition de son chef-d'oeuvre, Le quatuor d'Alexandrie, composé de Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa. Quatre romans traduits en France entre 1957 et 1960. L'éditeur a également inscrit à son programme le premier roman de l'auteur de Cefalû. Un texte inédit en France à ce jour, hormis quelques extraits parus dans L'esprit des lieux (Gallimard, 1976).
Petite musique pour amoureux date de 1935. Fils d'un ingénieur de Sa Majesté en poste aux Indes, élevé dans l'ombre du Kim de Kipling, le jeune Lawrence est alors âgé de 23 ans. Walsh Clifton, le petit héros d'un opus aux accents autobiographiques, a un nom peu banal. Walsh, qu'on dit doté d'un sens diplomatique inné, a aussi une gouvernante, un père ingénieur, un jardin qui regorge de belladones. Le gamin traque les papillons, grimpe dans les eucalyptus, se promène au cimetière de Victoria Hill, découpe avec soin les articles de Times of India. Lorsqu'il doit partir en Angleterre en paquebot, le changement lui semble pour le moins radical et étouffant...
On ne ratera pas non plus le beau volume de la collection "Voyager avec...", coédité par La Quinzaine littéraire et Louis Vuitton. En librairie depuis la mi-janvier, Dans l'ombre du soleil grec regroupe des récits de voyage, poèmes et correspondances de Durrell, des textes choisis et présentés par Corinne Alexandre-Garner, ainsi que des tableaux et dessins. L'occasion rêvée de revenir vers une oeuvre qui, pour reprendre le mot de Corinne Alexandre-Garner, "se lit comme un voyage au long cours, aux multiples étapes, complexe et séduisant à l'image de l'auteur, érudit et modeste".