Découvert par les Editions de l'Ogre avec Dans la forêt du hameau de Hardt (2019), Gregory Le Floch inaugure chez Christian Bourgois la première rentrée de la nouvelle équipe constituée autour de l'éditeur Clément Ribes avec un deuxième roman en forme de quête erratique ponctuée de sorties de route et de multiples rebonds contre les glissière de sécurité. A l'origine de cette partie de flipper géant : « la chose ». Quel est cet objet non identifié, « d'aspect dur et sec, et de forme plutôt oblongue », de couleur « brune dans l'ensemble », qui tient dans le creux de la main et que le narrateur a trouvé sur le trottoir ? Croisés au gré des tribulations du héros, de Vienne à New York, ou sur les itinéraires aléatoires d'Internet, une belle brochette d'originaux va donner son avis.

Truffe du Périgord, étron de Liszt, calcul biliaire, œuvre d'un artiste du « Post Human Art », diamant brut... La chose agit sur chacun comme un déclencheur de projections dans ce roman qui divague de digressions en notes de bas de page, où l'on croise des conférenciers idolâtres de l'écrivaine israélienne Orly Castel-Bloom, un médium qui entend les « voix enfermées », un chirurgien plastique spécialisé dans les prothèses de mollets, des femmes qui jettent, soulagées, leur bébé par les fenêtres ou une collectionneuse de photographies post-mortem. Pas sûr qu'on ait repéré toutes les références, ni emprunté toutes les bifurcations, mais on salue la vitalité noire, le sens du burlesque et de l'absurde du jeune romancier.