Terre vivante est en difficultés. L’entreprise basée dans le Trièves (Isère), dont l’essentiel de l’activité repose sur l’édition (60 %), mais comprend aussi un important volet presse (35 %) avec le magazine Les 4 Saisons et une partie événement (5 %) avec le Centre Terre vivante, est en situation déficitaire pour la troisième année consécutive.
« Depuis trois ans, Terre vivante traverse une passe difficile. La crise impacte les ventes de nos livres, la fréquentation des stages du Centre Terre vivante, tout comme notre magazine Les 4 Saisons, dont le socle d’abonnés était longtemps resté stable », alerte l’entreprise dans un texte diffusé sur Ulule, où elle a lancé un appel aux dons.
En 2023, Terre vivante réalisait un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros, contre 6 millions en 2020. Un recul que la directrice éditoriale Brigitte Michaud attribue au contrecoup des années Covid – particulièrement fastueuses pour les livres de jardin – et à la guerre en Ukraine. « Les années 2020 et 2021 ont été exceptionnelles dans le contexte des confinements. Mais avec le retour à la normale, l’intérêt pour le jardinage est retombé et nous avons dans le même temps été confrontés à l’explosion des coûts du papier et de l’énergie après le début de la guerre en Ukraine », situe l’éditrice, qui incrimine aussi la baisse du pouvoir d’achat.
Alors que les ventes moyennes de livres ont représenté pendant les meilleures années un volume s’élevant jusqu’à 390 000 exemplaires, celles-ci sont tombées à un « pic bas » de 270 000 exemplaires annuels. De la même manière, le magazine Les 4 Saisons a perdu quelque 8 000 abonnés depuis 2020, pour se stabiliser aujourd’hui à environ 20 000. Conséquence, l’entreprise indique avoir été contrainte de licencier cinq collaborateurs en deux ans, d’autres départs volontaires non remplacés ayant par ailleurs font chuter ses effectifs de 34 à 25 personnes.
Réduction des coûts
Terre vivante a aussi adapté ses modes de production pour réduire les coûts. L’éditeur a baissé le grammage du papier, rationalisé les tirages, un peu augmenté le prix de ses livres… « Mais nous ne pouvons guère aller au-delà sans transiger sur des fondements qui nous sont essentiels : imprimer sur papier certifié PEFC ou FSC, maintenir des tarifs accessibles à tous, sélectionner des annonceurs des 4 Saisons en cohérence avec les valeurs de Terre vivante », indique l’entreprise sur Ulule.
Raison pour laquelle la Scop a lancé le 14 octobre un appel aux dons sur Ulule. Elle espérait récolter 100 000 euros pour pallier son manque de trésorerie et « aller de l’avant en 2025 ». Au bout de neuf jours, l’objectif est déjà en passe d’être atteint, la cagnotte atteignant les 75 000 euros, versés par plus de 1 500 contributeurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Publier autrement
Brigitte Michaud, qui rend un hommage appuyé aux donateurs, se montre optimiste pour l’avenir. « Un tel soutien nous a permis de rendre palpable notre communauté », souligne-t-elle, annonçant aussi le maintien du programme éditorial à environ 45 titres en 2025 avant une éventuelle révision de la stratégie en 2026. « Nous publierons sans doute autrement, détaille-t-elle. Il y a de nouvelles manières de parler d’écologie, nous allons davantage nous adresser aux jeunes lecteurs en particulier ».
Depuis sa création en 1979, Terre vivante a toujours autofinancé ses projets, sans subvention, et ils ont été nombreux – construction du Centre Terre vivante dans le Trièves (Isère) en 1994, mise en kiosque du magazine en 2007, hors-série des 4 Saisons, nouvelles collections de livres, création de vidéos et de podcasts dès 2012, aménagement d’hébergements en 2019… Association à ses débuts, la structure est devenue une Scop en 2005, parce qu’elle avait la capacité à se financer par la vente des livres et du magazine, ainsi que par l’accueil du public au Centre.