Avec l'annonce du grand prix de l'Académie française et les dernières sélections du Goncourt et du Renaudot, qui seront décernés mercredi prochain 2 novembre, les arômes du palmarès littéraire 2011 commencent à se préciser. En cuisine, les jurys s'affairent, écartent ou se redistribuent les ingrédients jugés superflus, affinent, ajustent ou rééquilibrent leur plat, un oeil méfiant sur la casserole du voisin, tel celui du Femina qui envisage de choisir son prix hors des titres de sa dernière sélection... au cas où ces derniers seraient, le jour dit, déjà lauréats d'une autre récompense.
Cela redonne peut-être une chance à David Foenkinos. Donné favori, fin août, pour le Goncourt, Les souvenirs (Gallimard), deuxième meilleure vente de la semaine toutes catégories confondues, a été finalement rayé de la carte du plus prestigieux des prix littéraires français, comme de celles des cinq autres grands prix d'automne, au profit de L'art français de la guerre d'Alexis Jenni. A la veille des agapes, ce premier roman également édité par Gallimard figure à la fois dans les derniers menus du Goncourt, du Renaudot, du Médicis et du Femina. Et pour neuf des douze critiques littéraires que Livres Hebdo a sondés cette semaine, pas de doute : c'est bien lui qui constituera le plat de résistance.
Au moins peut-on espérer que le palmarès littéraire 2011 soit un peu moins déprimant que celui des livres de cuisine. Ce dernier oscille toujours plus entre les recettes de célèbres diététiciens et les plats régressifs au potentiel cholestérolémique et diabétique garanti. Et c'est désormais à coups de Nutella, de petit LU, de Carambar et de lait concentré sucré que se construit le classement des meilleures ventes du secteur. Du 4 au 6 novembre prochain, la 30e Foire du livre de Brive : à quand La Vache qui rit à la place du foie gras au menu du traditionnel "train du cholestérol" qui y mène écrivains, éditeurs, journalistes et... jurés littéraires ?