Alors que des dizaines de personnes étaient restées faute de place devant les grilles du Collège de France, l'amphithéâtre Marguerite de Navarre était comble, avec au premier rang la ministre de la Culture Audrey Azoulay aux côtés des professeurs du Collège.
De nombreux éditeurs étaient aussi présents : Olivier Bétourné, P-DG du Seuil, Bernard Comment (Seuil), l'actuel éditeur d'Alain Mabanckou, Emilie Colombani, aujourd'hui chez Rivages mais qui a publié trois romans de l'écrivain, Sophie de Closets (Fayard), Emmanuelle Collas (Galaade), Rodney Saint-Eloi (Mémoire d'encrier au Québec)... ainsi que des écrivains, Dany Laferrière, Serge Joncour, Mathieu Simonet, Henri Lopes, Yahia Belaskri, James Noël, Patrick Grainville. Même le tailleur d'Alain Mabanckou, qui avait confectionné la très belle veste en velour bleu roi qu'il portait pour l'occasion, est venu le saluer en fin de conférence.
Une histoire des accointances
Dans cette leçon inaugurale qui s'est terminée par une standing ovation, le professeur de littérature francophone à l'université de Californie de Los Angeles (UCLA) n'a pas gommé l'actualité, rappelant que "soixante ans après le Congrès des écrivains et artistes noirs qui s'était tenu à l'initiative d'Alioune Diop, la France se questionne encore sur les binationaux". Il a montré les "accointances" de la littérature coloniale française avec la littérature négro-africaine francophone, émaillant son histoire des figures de Joseph Conrad, André Gide, Albert Londres, Amadou Hampâté Bâ ou René Maran, premier Noir à recevoir le prix Goncourt avec Batouala en 1921. Ce discours sera disponible chez Fayard sous le titre De la littérature coloniale à la littérature négro-africaine le 20 avril prochain.
Cette leçon sera suivie, à partir du 29 mars, d’une série de cours et de séminaires ouverts à tous. Un colloque, "Penser et écrire l’Afrique noire", se tiendra le 2 mai. L’ensemble de cet enseignement sera disponible en français et en anglais sur le site du Collège de France.
Premier écrivain
Premier écrivain à occuper la chaire de création artistique tenue auparavant par des créateurs comme l'architecte Christian de Portzamparc, le compositeur Pascal Dusapin, le sculpteur Anselm Kiefer ou le paysagiste Gilles Clément, le lauréat du prix Renaudot 2006 pour Mémoires de porc-épic est le quatrième Africain à occuper une chaire annuelle dans l'institution fondée en 1532.
Le Collège de France propose des dizaines d'enseignements ouverts au plus grand nombre. N'importe qui peut y assister gratuitement et sans inscription. Comme le suggère sa devise docet omnia, "il enseigne tout" : de la philosophie au droit, en passant par la médecine et les mathématiques.