Elena Ferrante semble d’abord nous offrir un conte moderne sur l’incompréhension entre enfants et parents, un texte sur un ton intimiste, à la manière de ses premiers romans (L’amour harcelant, Les jours de mon abandon). Le récit s’ouvre ensuite aux relations familiales, aux différentes classes sociales, aux milieux intellectuels. Un bracelet précieux, qui passe de poignet en poignet, pimente l’intrigue, comme un sortilège malfaisant. L’auteure de L’amie prodigieuse n’est pas loin…
Amour, désirs et jalousie
Ferrante a cependant cette fois changé de perspective, et on sait qu’elle met un point d’honneur à faire à chaque livre quelque chose de différent. Certes, elle est de retour avec toute son intensité narrative, mais dans un roman plus amer et plus contemporain – l’histoire se déroule dans les années 1990. Les thèmes de sa célèbre saga napolitaine sont toujours présents : l’amitié féminine, l’ascension sociale grâce à l’école, les travers d'une certaine élite intellectuelle, la place de l’écriture dans la vie… Elle conserve ce don de capturer et de creuser en profondeur les aspects psychologiques, avec une grande fluidité : amour, désirs et jalousie. Et La vie mensongère des adultes, son huitième roman, n’est pas le moins addictif.
Sandra Ozzola, amie et éditrice de Ferrante, que nous avions rencontrée à l’automne dernier, ne s’est finalement pas trompée : après son prodigieux quatuor napolitain, Elena Ferrante, celle qui fuit la presse et dont le talent reste, avait encore des choses à nous dire.
La vie mensongère des adultes, par Elena Ferrante, traduit de l’italien par Elsa Damien, Gallimard, collection « Du monde entier », 416 p., 22 euros, ISBN : 9782072899218, à paraître le 9 juin.