Le livre audio en accès illimité par abonnement, c'est pour quand ?
En début de matinée, la table ronde intitulée « livres audio, podcasts et diffusion numérique » a abordé, entre autres sujets, les modèles économiques du livre audio et du podcast. Thibaut de Saint-Maurice, délégué général du Podcast Festival, ainsi que Justine Souque, consultante en édition et audiovisuel, ont mis l'accent sur la création de plateformes de diffusion de podcast telles Majelan ou Sybel, le Netflix du podcast. Des plateformes qui proposent un accès illimité à une catalogue pour moins de 5 euros par mois.
En face, Constanze Stypula, manager France d'Audible / Amazon, a décrit l'abonnement proposé par sa société en France, à savoir un abonnement de 9,95 euros par mois donnant accès à un livre audio. Si elle milite pour un accès illimité par abonnement, elle reproche aux éditeurs français d'empêcher cette évolution. La défense des droits d'auteurs mais surtout le manque de réglementation ont été évoqués par le camp opposé sans apporter de véritable réponse au sujet.
Le sujet est revenu dans la discussion avec la rencontre « Audio, théâtre, cinéma .. : les multiples voix du livre » où l’écrivain Serge Joncour a comparé Netflix à des prédateurs. Laure Saget, directrice du Développement des droits audiovisuels chez Flammarion et directrice du livre audio chez Madrigall, a en effet émis de fortes réserves sur ce modèle d’abonnement illimité, qui détruit de la valeur autant pour l’éditeur que pour l’auteur. Elle opte plutôt pour l’abonnement limité et prend pour exemple l’éditeur suédois Bonnier qui est sorti des plateformes d’abonnement illimité pour créer sa propre offre. Cyrille Onfray, directeur administratif et financier à la Scelf, a confié son inquiétude face aux géants américains dans le cadre de la négociation des contrats.
Le livre audio, un moyen pour amener le collégien vers le livre papier
Les albums sonores, les livres audio jeunesse, sont toujours et encore plébiscités par les plus petits et leurs parents. Pourtant, arrivés au collège, un schisme se produit, le jeune se désintéresse. "C'est comme si on lui disait, allez, au boulot ! Finis les images, les chansons... Il faut que tu lises des livres pour adultes, des classiques!" réagissait Mathilde Davignon, responsable éditoriale des éditions des Braques, à la table ronde « Du livre audio jeunesse à l’audio-lecture ? ». Prônant les bienfaits du livre audio comme expérience immersive, capable d'amener l'enfant vers la lecture, les intervenantes ont milité pour un décloisonnement des formats. "Le livre audio souffre parfois d'une mauvaise image, liée à la fainéantise. Il faut que les parents nous fassent plus confiance à ce niveau-là", a poursuivi Mathilde Davignon.
Peggy Gattoni, déléguée à la DAAC de l’Académie de Strasbourg, a quelques pistes pour faire rentrer le livre audio dans les pratiques quotidiennes des jeunes. Les prix de La Plume de paon vont ainsi s’ouvrir aux collégiens et vise à devenir national. Elle est persuadée que les réformes du ministère de l’Education nationale – le grand oral au Bac, le quart d’heure de lecture en primaire et au collège - vont dynamiser le marché, même s’il reste des obstacles pour la diffusion des œuvres audiovisuelles, y compris les livres audio, dans les établissement scolaires.
L’oralité est de retour et n’a jamais été aussi bien valorisée. S’il diffère selon les ouvrages à écouter, si la fabrication peut s’avérer complexe, et si le coût, variable, reste assez élevé, le livre audio conquiert de nouveaux « lecteurs ». Le secteur cherche désormais à mieux se diffuser, à capter de nouveaux publics et, surtout, à trouver des modèles économiques qui ne dévalorisent pas l’éditeur et l’auteur.