Le livre, qui se revendique comme un ouvrage de fiction, met en scène l’arrestation spectaculaire, le 14 mai 2011, de DSK, alors directeur du Fonds monétaire international (FMI), accusé de viol par une femme de ménage d’un hôtel à New York. Les poursuites ont finalement été abandonnées, aussi bien par la justice américaine que par la plaignante.
La fin du roman parle clairement d’un viol, une pure diffamation estime Me Veil, aucune condamnation n’ayant été prononcée contre son client. L’ancien directeur du FMI n’est jamais nommément cité, mais il est parfaitement reconnaissable de même que son épouse d’alors, Anne Sinclair, et que la femme de ménage, évoquée par son nom, Nafissatou Diallo, dont l’identité avait été révélée. Au cours d'interviews, Régis Jauffret n’a par ailleurs pas fait mystère de la source de son inspiration.
Pour Olivier Bétourné, qui se dit “choqué par le texte de l’assignation”, il s’agit d’un procès fait à la liberté de création et de publication, et à celle de l’écrivain. “Les personnages des romans de Régis Jauffret prennent ancrage dans la réalité. Puis, sur la base de cette enquête, il déploie son dispositif littéraire qui, en quelque sorte, recrée les personnages en question. Investissement psychique de pure imagination, invention de certaines scènes, exploration subjective de l’imaginaire des personnages: tels sont quelques-uns des ressorts de ce travail de recréation”.
“Le “Il” de La ballade de Rickers Island, le pronom personnel sous lequel est désigné le personnage principal du livre, n’est pas Dominique Strauss-Kahn. C’est un personnage de fiction qui est ainsi nommé”, poursuit le président du Seuil.
L’audience aura lieu le 19 juin devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Outre Jean Veil, Dominique Strauss-Kahn est défendu par Mes Henri Leclerc et Richard Malka. Selon la dernière estimation du panel Ipsos/Livres Hebdo, le roman s’est vendu à un peu plus de 9 000 exemplaires en trois mois.