Depuis le 1er août et jusqu’au 31 décembre, 1 755 beaux livres (source : electre.com) déferlent dans les rayons des librairies, soit une baisse de 6,3 % par rapport à l’an passé. Du livre de voyage comme Birmanie : la terre d’or (Hozhoni) aux dessins sensuels du Pulp de Romain Duris (Textuel) en passant par le très design Versailles et la mode (Flammarion) ou la monographie pointue de l’artiste belge Félicien Rops (Somogy), c’est un programme certes plus compact mais riche et diversifié qu’ont concocté les éditeurs de beaux livres pour cette fin d’année. Cette production est d’ailleurs actuellement à l’honneur du Pavillon français de la Foire de Francfort (11 au 15 octobre) où une trentaine de maisons du secteur mettent en lumière 3 000 de leurs ouvrages dans un espace de 28 mètres de long, conçu sur mesure.
Protéiforme, ce cru 2017 est marqué par un retour aux sources et une volonté de s’enraciner dans l’intemporel par le biais d’ouvrages ayant trait à la nature, à la spiritualité, à l’art dans tous ses états, mais aussi au plaisir de redécouvrir ses classiques grâce aux archives de journaux ou à la littérature au format illustré. Avec ces thèmes refuges, les éditeurs ne cherchent pas à attiser la nostalgie de leur lectorat mais répondent à des quêtes de sens, de beauté et d’évasion, particulièrement fortes en ces temps troublés. Si la production 2017 se démarque fortement de celle de l’an passé, imbibée des questions et tensions traversant le monde, elle ne lui tourne pas pour autant le dos. Plusieurs très beaux documents de société illustrés marqueront ainsi cette fin d’année comme Déflagrations. Dessins d’enfants, guerres d’adultes (Anamosa), plongée dans un siècle de violence à travers les coups de crayons des enfants, Pure colère de Camille Lepage (La Martinière) témoignage du travail de la photojournaliste assassinée en mai 2014 en Centrafrique, ou Great America ! (Macha Publishing) immersion, à l’ère de Donald Trump, dans le mythe de l’american way of life. De même, l’attrait pour les caricatures ne s’est pas tari : lancée cette année, la collection de petits beaux livres "Cartooning for peace" (Gallimard) vient de s’enrichir d’un Alors, ça marche ?, consacré au président de la République, quand le Chêne continue de publier les dessinateurs de Charlie Hebdo avec un Laïcité de Charb et le Prolongement de la suite de Tignous.
Retour à la terre
Chênes, pommiers, arbustes ou résinifères centenaires ; les arbres ont de plus en plus la cote dans la production éditoriale et s’invitent en masse au rayon beaux livres. Après le succès de l’essai La vie secrète des arbres, près de 200 000 exemplaires écoulés depuis sa parution en mars (et plusieurs millions à l’étranger), Les Arènes éditent pour la fin de l’année une version illustrée du best-seller du garde forestier allemand Peter Wohlleben. Grâce à 150 photos, les lecteurs découvriront les pouvoirs méconnus des arbres, capables par exemple d’avertir leurs semblables d’un danger. Ou bien de se reproduire. Dans Les arbres amoureux (La Salamandre), Stéphane Hette, Francis Hallé et Frédéric Hendoux détaillent avec poésie leur vie intime, révélant leurs stratagèmes pour assurer leur descendance sans se déplacer. Pour partir à la rencontre des arbres du monde entier, le Rouergue se penche - en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle - sur l’Arboretum de Versailles-Chèvreloup rassemblant plus de 2 500 espèces d’arbres, souvent rares ou centenaires. Rustica tente aussi de percer leurs mystères dans Arbres, Pascal Maitre se consacre au Baobab : l’arbre magique (Lammerhuber), tandis que le botaniste Francis Hallé livre trente ans d’exploration des canopées forestières tropicales, bel ouvrage préfacé par Hubert Reeves à paraître chez Museo. La jeune maison, lancée en 2015 et spécialisée dans les enjeux de la biodiversité, propose aussi Les plus vieux arbres de France, tour d’horizon du patrimoine de l’Hexagone en la matière. Zora del Buono met en lumière Des arbres et des hommes (Autrement), quatorze portraits d’arbres répartis aux quatre coins de la planète qui ont vu se dérouler des moments clés de l’histoire comme l’if de Wraysbury, vieux de deux mille ans, lieu de rencontre entre Henri VIII et Anne Boleyn. Le journaliste Pedro Lima s’intéresse aussi à la relation entre les hommes et les arbres, dans Grimpeurs d’arbres : suspendus entre ciel et terre (Synops), titre accompagné d’une application dédiée. A ne pas manquer également, Les graines du monde (Actes Sud), magnifique ouvrage de Mario Del Curto qui nous entraîne en Russie, à l’institut Vavilov, où sont conservés 300 000 spécimens de graines.
Au-delà des arbres, ce sont les rapports entre la nature et les hommes qu’interrogent de nombreux titres comme Natures (Gallimard) de Jean-Luc Chapin et Jean Marie Laclavetine, plongée dans les liens indicibles et puissants qui unissent la première aux seconds. Ou encore Origines (Paulsen) par Olivier Grunewald et Bernadette Gilbertas, retraçant un voyage de quatre milliards d’années. Certains mettent en lumière la manière dont la nature reprend ses droits dans les lieux désertés par l’activité humaine avec de beaux mais inquiétants ouvrages, tels Vestiges d’un monde oublié (éditions de l’Imprévu), France abandonnée (Jonglez) ou Nostalgia, splendeurs oubliées (Heredium, label de Prisma). D’autres, préfèrent attirer l’attention des lecteurs sur la beauté des lieux ou espèces sauvages, préservés autant que menacés. Portraits de la vie sauvage en voie de disparition (Heredium) du photographe Tim Flash - particulièrement engagé dans la protection de la nature - met ainsi en garde contre l’impact de l’humain et livre des portraits marquants d’espèces en voie de disparition. Autres portraits, accompagnés de cartes dans Atlas de la vie sauvage de Oliver Uberti et James Cheshire (Les Arènes). Avec Sauvage : les sanctuaires de la nature, National Geographic plonge le lecteur dans un voyage à travers les endroits les plus préservés de la planète tandis que Géo soutient que La beauté sauvera le monde. Cet ouvrage signé par Eric Meyer, rédacteur en chef du magazine, et Thierry Suzan, photographe et grand reporter, porte un regard plein d’espoir sur les merveilles de la planète et se déclinera en plusieurs versions, une édition prestige en tirage limité mais aussi des produits dérivés, coffret de correspondance et picturebook. Philippe Decressac nous entraîne, grâce à ses carnets photographiques, sur les Terres authentiques (Tohu Bohu), Stefan Hefele dans Les Alpes, les mondes d’en haut (Glénat) où il immortalise des paysages encore sauvages comme le fait, chez le même éditeur, Guillaume Vallot avec Montagne spectaculaire, ouvrage à la hauteur de la démesure des sommets photographiés. La montagne, mais aussi plus largement la célébration des paysages glacés du monde, menacés par le réchauffement climatique, est aussi au cœur de Ice is black de Laurent Baheux (TeNeues) et de Ice (La Martinière) où Philippe Bourseiller rend hommage aux déserts de glace. De son côté, le moine bouddhiste, auteur à succès et traducteur français du dalaï-lama, publie à La Martinière l’œuvre d’une vie, Matthieu Ricard : un demi-siècle dans l’Himalaya. Grâce à 350 photos accompagnées de textes, il raconte l’immensité des hauts plateaux tibétains comme l’intimité des monastères et livre une ode à la nature autant qu’à la spiritualité.
La spiritualité dans tous ses états
Il n’est pas le seul. Accompagnant des lecteurs toujours plus en quête de sens, les éditeurs de beaux livres font une place importante aux ouvrages ayant trait à la religion, aux textes sacrés mais aussi à la beauté des édifices religieux. Dans Lieux sacrés des cinq continents (Bonneton), on pourra découvrir les places fortes de la spiritualité du mont Athos au Taj Mahal, un panorama des plus beaux sites sacrés français et suisses avec Sanctuaires de France et de Suisse (Favre) signé Rémy Wenger, tandis que Heredium nous entraîne sur les plus beaux Chemins de Compostelle. Les clochers de France se reflètent dans Une histoire illustrée des églises de nos régions (Glénat) de Nathalie Meyer Sablé, et dans Paris et ses églises : de la Belle Epoque à nos jours (Picard), impressionnant panorama des édifices religieux. Sans oublier la série de très beaux ouvrages de référence que Place des Victoires consacre aux cathédrales avec, par exemple, Bordeaux, primatiale d’Aquitaine, sous la direction du cardinal Jean-Pierre Ricard, ou encore Bâtisseurs de cathédrales : Strasbourg, mille ans de chantiers. Les personnages bibliques et les icônes sont aussi au cœur de la production. L’acteur Michael Lonsdale rend hommage à Belle et douce Marie : la Vierge des peintres (Philippe Rey), réunissant les cinquante plus belles représentations de la mère du Christ. Ce dernier est également mis à l’honneur dans deux beaux livres : Jésus : une encyclopédie contemporaine (Bayard), panorama richement illustré des connaissances sur le Christ, et Jésus : l’encyclopédie (Albin Michel), fruit de très nombreuses années de travail. Paris Musées étudie L’art de l’icône, sous la plume de Raphaëlle Ziadé, à l’occasion de l’ouverture d’une salle dédiée au christianisme oriental au Petit Palais. L’historien Thomas Mathews se penche sur Les origines païennes des icônes (Cerf) et questionne par là même la naissance de l’art chrétien.
L’éditeur dominicain publie aussi Lectures de la Bible : des origines au XVe siècle, sous la direction de Laurence Mellerin, histoire illustrée des différentes interprétations des Ecritures à travers les époques et les lieux. Philippe Lechermeier livre avec Rébecca Dautremer Une Bible : Ancien Testament (Gautier-Languereau), où il réinvente grâce à des dessins et peintures les principaux récits de l’Ancien Testament, quand Citadelles & Mazenod déroule L’art de la Bible, et que Diane de Selliers accueille dans sa petite collection L’Apocalypse de saint Jean, illustrée par la tapisserie d’Angers, récit spirituel, poétique et historique. Pour avoir une idée des dessous de l’Eglise, Gründ édite Les photos secrètes du Vatican, voyage dans l’intimité des papes qui se sont succédé depuis le XIXe siècle. La religion musulmane n’est pas en reste avec L’islam expliqué en images, ouvrage poétique signé Tahar Ben Jelloun (Seuil), et Décors d’islam de Dominique Clévenot et Gérard Degeorge (Citadelles & Mazenod), qui dressent un panorama géographique de la variété du décor architectural islamique. Les éditions du Patrimoine détaillent les Protestantismes et Gallimard fait revivre l’Ancien culte mahorie, dont Paul Gauguin a, en son temps, consigné les croyances et prières.
La question, très actuelle, du sort des chrétiens d’Orient s’invite aussi au rayon beau livre, notamment avec la parution du catalogue de l’exposition Chrétiens d’Orient, 2 000 ans d’histoire (Gallimard) qui vient de s’ouvrir à l’Ima. Fruit d’un périple de deux ans dans vingt-deux pays, Chrétiens d’Orient de Vincent Gelot (Albin Michel) met en lumière ces populations et propose une expérience de lecture enrichie de chants et de prières grâce à des QR codes. De son côté, Coexistences : lieux saints partagés en Europe et en Méditerranée (Actes Sud) offre une belle note d’espoir en dévoilant la riche palette d’interactions et de croisements entre fidèles de différentes confessions.
Se replonger dans ses classiques
Le succès du Canard enchaîné : 100 ans, un siècle d’articles et de dessins, paru à l’automne 2016 et qui s’est écoulé à plus de 100 000 exemplaires, a convaincu le Seuil de l’utilité d’une réédition, enrichie des archives de l’année 2017. Les lecteurs de L’Humanité pourront eux se remémorer les Figures du peuple, extraites par Danielle Tartakowsky et Gérard Mordillat des archives photographiques du quotidien communiste (Flammarion). Le Chêne propose VSD : 40 ans d’aventure humaine, avec le dessin de Philippe Geluck, Le Sous-Sol livre des Paroles de lapin, réunissant les grands entretiens du magazine Playboy, et dans un tout autre genre Place des Victoires met en lumière une pépite d’humour grinçant, Le Journal des assassins, où l’on (re)découvre cette publication satirique créée en 1884, ancêtre méconnu du Gorafi. Les éditeurs du secteur proposent aussi de redécouvrir des textes de la littérature dans des versions magnifiées par des dessins ou peintures. Déjà présente l’an passé, la veine de la littérature illustrée continue sa percée. Avec Istanbul, souvenir d’une ville, Gallimard offre une édition illustrée de la balade à succès d’Orhan Pamuk, publiée il y a dix ans, dans laquelle l’auteur turc nous entraîne sur les rives du Bosphore. Diane de Selliers s’attaque à Shakespeare à Venise et espère ainsi "communiquer une joie de lire et d’entendre Shakespeare autrement". Les contes de Grimm, préfacés par Marie Desplechin (BNF), sont à l’honneur grâce à des illustrations d’Arthur Rackham. Citadelles & Mazenod magnifie plus de 60 Contes de grands auteurs du genre, réunis dans un coffret luxueux, et propose aussi Les poèmes de Thomas Gray illustrés par William Blake, en édition numérotée et limitée. Les amateurs de poésie s’attarderont sur un autre beau coffret, Voyage avec Rimbaud, Kiplin, Baffo (Le Tripode), ou sur l’ouvrage de street art, Rimbaud autour du monde (Omniscience) dans lequel des extraits de textes du poète sont mis en perspective par un groupe d’artistes urbains. A découvrir aussi le délicat Haïkus : les paysages d’Hokusai (Seuil), un des maîtres de l’estampe japonaise, tandis que les éditions Margot éditent Le dernier des Mohicans, illustré par Patrick Prugne.
Hoëbeke change dans la continuité
L’éditeur de beaux livres Hoëbeke, célèbre pour avoir publié notamment les photographies de Doisneau, les elfes de Pierre Dubois ou encore les dessinateurs de Charlie Hebdo, appartient désormais à Gallimard (Madrigall) qui en était actionnaire majoritaire depuis plusieurs années. Ce rachat, effectué en 2014 et officialisé discrètement à la fin de l’année 2016, s’est accompagné à cette période d’un déménagement de l’éditeur rue Gaston-Gallimard mais aussi d’un changement de diffuseur, la structure et son fonds (d’environ 200 titres), passant de UD au CDE. Parallèlement, Lionel Hoëbeke, qui était à la tête de la maison - dont il fut le fondateur en 1984 - a quitté ses fonctions. La direction effective est maintenant entre les mains de Line Karoubi, directrice du département illustré de Gallimard.
Pour autant, l’éditeur ne devient pas une marque de Gallimard - comme l’est par exemple Alternatives - et rejoint la galaxie des maisons "à part entière" gravitant au sein de Madrigall. "Notre objectif est de conserver l’âme particulière qu’a insufflée Lionel à Hoëbeke, en bousculant les catégories établies, mélangeant regard décalé sur le monde, impertinence voire provocation et culture populaire", détaille Line Karoubi, avant de se réjouir de cette "opportunité de diversification dans l’illustré avec des titres que la marque Gallimard ne pouvait pas forcément abriter". L’éditrice Audrey Demarre, depuis huit ans chez Hoëbeke - après de nombreuses années à La Martinière - est maintenant chargée de la construction du programme éditorial et s’inscrit dans l’héritage du fondateur de la maison. Garante de l’identité de la structure, elle entend cependant explorer de nouveaux thèmes au gré de "l’air du temps". L’éditrice s’est ainsi intéressée au "pratique détourné", publiant entre autres Réinventer Ikea (2015) et, en cette fin d’année, 1 heure, 1 objet du designer Pierre Lota. Sur la vingtaine de titres par an que publie la maison, on trouvera dans les rayons, avant Noël, Sur les pavés, la pub (Anne Magnien) et Les zombies au cinéma, ou encore une réédition du célèbre Elféméride de Pierre Dubois. Par ailleurs, la maison continue de proposer des collections d’ouvrages non illustrés - représentant environ 10 % de sa production - comme "Montagne en poche" ou "Etonnants voyageurs", dirigée par Michel Le Bris, qui s’enrichira de nouveaux titres début 2018.
A chaque anniversaire son beau livre
De Barbara à Ferrari, en passant par la révolution russe ou le "Cinéma de minuit", les ouvrages de commémoration couvrent cette année un large spectre du rayon beaux livres. Les amateurs de musique découvriront, quarante ans après sa mort, une Callas confidential par Tom Volf (La Martinière), tandis que les frères Jackson se racontent eux-mêmes dans Les Jackson (EPA), à l’occasion du 50e anniversaire de leur premier single. Vingt ans après sa disparition, Barbara suscite encore émoi et hommages. En témoignent les multiples parutions qui lui sont dédiées comme Barbara, claire de nuit signée Jérôme Garcin (Gallimard), Barbara illustrée de photographies de Jean-Pierre Leloir (Textuel), ou encore Barbara sous la direction de Clémentine Deroudille (Flammarion), qui accompagne l’exposition éponyme présentée à la Cité de la musique à partir du 13 octobre. Au rayon cinéma, Télémaque édite un dictionnaire aux allures de beau livre célébrant les 40 ans de "Cinéma de minuit". La Martinière propose, cinquante ans après la sortie du film de Jacques Demy, une immersion dans Les demoiselles de Rochefort, signée Elsa et Natacha Wolinski, alors que Flammarion édite Bourvil, le ciné d’André, filmographie complète de l’acteur, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Le Seuil célèbre celui de Jean-Pierre Melville, avec une analyse de l’œuvre et un portrait du cinéaste par Antoine de Baecque. Autre figure incontournable, l’humoriste Pierre Desproges, disparu il y a trente ans, reprend vie dans Desproges par Desproges, ouvrage dirigé par sa fille Perrine, qui a créé cette année les éditons du Courroux afin d’éditer le titre. Les fans de grosses cylindrées pourront se plonger dans la lecture de Ferrari : the best de Leo Turrini (EPA), édité pour les 70 ans du célèbre constructeur automobile, tandis que Flammarion fête Cartier : la montre Tank sous la plume de Franco Cologni, à l’occasion des 10 ans de l’icône horlogère. Alors que la révolution russe de 1917 suscite de nombreuses publications comme Et 1917 devient révolution… (Seuil) ou Rêve plus vite, camarade ! (Les Echappés), les éditeurs de beaux livres préparent déjà les 50 ans des événements de mai 1968. En cette fin d’année, Prisma propose 1968 : une année révolutionnaire de Carlo Batà et Gianni Morelli, Larousse publie Il y a 50 ans… Mai 68 d’Eric Alary, Plon réédite 68, nos années choc avec un avant-propos inédit de Serge July, et Textuel invite à passer de l’autre côté de la barricade, avec Mémoires de police : dans la tourmente de Mai 68 par Charles Diaz.
Livres d’art, du musée à la rue
La production 2017 s’ancre autour de l’ambitieuse actualité muséale de cette fin d’année, mais s’aventure aussi au-delà des salles d’exposition, avec l’essor du street art.
Grâce aux succès de plusieurs expositions, le début d’année a été bon pour les musées qui enregistrent des chiffres de fréquentation élevés. Pour exemple, l’événement Rodin (22 mars-31 juillet) a réuni plus de 300 000 visiteurs au Grand Palais et 325 000 personnes se sont pressées au Louvre pour admirer "Vermeer et les maîtres de la peinture de genre" (22 février-22 mai). "Cet engouement se ressent aussi en librairie, avec une excellente année de notre côté", estime Pierre Jaubert, responsable de la librairie du musée du Louvre. Quant à Nicolas Roche, directeur des éditions du Centre Pompidou, il dresse le même constat et se réjouit de l’impact de la rétrospective "David Hockney", qui s’y tient jusqu’au 23 octobre. Et ce n’est pas près de s’arrêter puisque la programmation de fin d’année s’annonce attractive avec plusieurs temps forts.
Gauguin, star de l’automne
L’exposition au Grand Palais "Gauguin : l’alchimiste" (9 octobre-21 janvier) sera la véritable star de l’automne, autour de laquelle se positionnent une dizaine d’acteurs du secteur. En plus du catalogue édité par la RMN-Grand Palais en collaboration avec le musée d’Orsay, on trouvera plusieurs monographies comme celles de Françoise Cachin, Gauguin (Flammarion) ou, sous le même titre chez Citadelles et Mazenod, celle de June Hargrove. Mais aussi de multiples introductions à sa vie et à son œuvre, avec Paul Gauguin (Larousse), Gauguin, d’art et de liberté (Michel Lafon), Gauguin : voyage au bout de la terre (Chêne) ou encore Dessins de Gauguin : la Bretagne à l’œuvre (Hazan). L’exposition "Degas, danse, dessin", organisée par le musée d’Orsay (28 novembre-25 février) pour le centenaire de la mort de l’artiste, est aussi très attendue. Gallimard en éditera le catalogue tandis que Prisma proposera le Degas de Sylvie Lagorce.
Au Louvre, c’est la belle exposition "François Ier et l’art des Pays-Bas" qui tiendra le haut de l’affiche du 15 octobre au 15 janvier, accompagnée par un catalogue non moins riche, édité par Somogy. Autre temps fort, "Rubens, portraits princiers" (musée du Luxembourg, 4 octobre-14 janvier) donnera lieu au beau catalogue publié par la RMN-Grand Palais, qui édite aussi Irving Penn : le centenaire, accompagnant la rétrospective que le Grand Palais consacre au photographe du 21 septembre au 29 janvier. De son côté, le Centre Pompidou, qui fête cette année ses 40 ans, accueille jusqu’au 29 janvier l’exposition "André Derain : 1904-1914, la décennie radicale", dont le catalogue publié par les éditions du Centre Pompidou paraît en même temps que deux documents autour de l’artiste édités par Hazan. Beaubourg héberge aussi la toute première rétrospective dédiée à l’œuvre de César Baldaccini (13 décembre- 26 mars). Goscinny sera au cœur de deux expositions en cette fin d’année : le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme le met à l’honneur jusqu’au 4 mars avec "René Goscinny au-delà du rire" (Hazan) tandis que la Cinémathèque française se penche du 4 octobre au 4 mars sur "Le cinéma de René Goscinny : Astérix, Lucky Luke et Cie" (RMN-Grand Palais).
Le street art en plein essor
Au-delà et en dehors de l’actualité muséale, le street art s’impose comme un domaine incontournable du rayon alors que se déroule à la Cité de la mode et du design, jusqu’au 15 octobre, la première foire internationale entièrement consacrée à l’art urbain contemporain, 13 Art Fair. Le maître du genre, JR, signe en novembre Inside out (Actes Sud), projet de street art mondial sur lequel il a travaillé durant les six dernières années. Flammarion propose une nouvelle édition augmentée de son Atlas du street art et du graffiti de Rafael Schacter, alors que Lou Chamberlain présente les plus belles fresques dans Street art international (Solar). Pour démontrer en quoi une œuvre fait sens à l’endroit où elle a été installée par l’artiste, Olivier Landes présente Street art contexte(s) (Alternatives). Chez Critères, on découvrira les portraits d’une cinquantaine d’artistes comme C215 ou Alias Borondo dans Portraits urbains : de visage en visage, alors que Desinge & Hugo & Cie publie le beau recueil Street art : toutes les œuvres majeures. Le directeur de Verticales, Yves Pagès, signe à La Découverte Tiens, ils ont repeint !, corpus de 5 000 transcriptions de graffitis recueillis par l’auteur entre 1968 et 2017. Allan Aubry met aussi à l’honneur le Graffiti (Mango) quand Cercle d’art publie le saisissant Skate art, première anthologie de cette nouvelle tendance de l’art urbain. Sylvie Léonard révèle les beautés du Montpellier street art (Museo) et Pyramid soulève les liens entre Street art & cinéma. Les artistes du secteur ont aussi droit à leurs monographies. En témoigne celle consacrée à l’emblématique tagueur argentin, Inti (Albin Michel), mais aussi l’ouvrage dédié aux fresques gigantesques du duo stéphanois Ella & Pitr : comme des foumis (Alternatives).